Pour obtenir la teinture pourpre, les Phéniciens brisaient les coquilles des murex et laissaient les mollusques macérer dans de grands bassins. On obtenait un épais liquide bleu et, au moyen de divers procédés, on obtenait des couleurs qui variaient du rose au cramoisi. On a découvert, à proximité des antiques teintureries de Tyr et Sidon, de grands monceaux de coquilles et les vestiges des bassins de Kerkouane, en Tunisie, situés sur le lieu de la teinturerie carthaginoise, portent encore des traces de rouge. A Rome, la meilleure pourpre était la couleur du pouvoir, color officialis ou couleur impériale. Au temps de l?empereur Néron, un édit punissait de mort quiconque la portait ou même l?achetait, avec confiscation de ses biens. Les héritiers de l?empire, eux, étaient appelés les porphyrogénètes, autrement dit ceux qui sont «nés dans la pourpre». Le règne de la pourpre se poursuivra au Moyen-Age, en Europe, et ne prendra pratiquement fin qu?en 1453, avec la chute de Byzance qui bascule dans le monde musulman. La couleur rouge avait les faveurs des Romains. Elle dominait dans la fameuse Domus aurea (la maison dorée) que Néron avait fait construire après l?incendie de Rome. C?était une grande villa, avec de nombreuses salles magnifiquement décorées. Le rouge, couleur du sang et symbole de la vie, recouvrait également les maisons de Pompéi : mais malheureusement, ce symbole n?avait pas empêché le feu et les laves du Vésuve de la recouvrir, le 24 août 79 de l?ère chrétienne. Aux couleurs rouge et pourpre de l?empire romain s?opposait le bleu barbare dont les Celtes se couvraient le corps quand ils faisaient la guerre.