Un jour, dans l?Arabie lointaine, l?oiseau de jais vint rapporter la nouvelle au prince : «Maître, te souviens-tu de Bouton le rose ? Le roi son père lui cherche en vain un mari.» Le prince, amoureux, en secret, de notre petite princesse malgré le mauvais tour qu?elle lui avait joué, décida de venir en Algerie demander sa main. En effet, quelques jours après, il se présenta chez le roi et, comme tous les prétendants, il montra, d?abord, le présent qui devait plaire au roi : c?était une poule tout en or et dont les poussins magiques picoraient des diamants magnifiques. Le roi fut tellement séduit par la mécanique qu?il permit au prince d?approcher la princesse, mais lui recommanda : «Une fois que vous aurez franchi la porte de la chambre de ma fille, vous ne direz pas un seul mot, vous ne ferez plus un seul geste.» Le prince écrivit alors au khôl sur son visage : «Je suis le prince Ali, fils du roi d?Arabie, Et de la princesse qui a pu faire tomber Les murs de ma prison, Je suis follement épris. Car grâce à elle j?ai retrouvé la raison !» Quand le prince entra dans la chambre, la princesse sursauta de frayeur, mais, quand elle déchiffra le message, elle rougit de bonheur et retrouva son teint de rose ; une vague de joie l?inonda, son regard limpide reprit le bleu irisé de la Méditerranée et Bouton de rose, enfin, sourit. Mais le prince, soudain, se sentit si embarrassé sous le regard inquisiteur des servantes intriguées qu?il se prit les pieds dans le tapis et faillit tomber. Son embarras et son faux pas semblèrent à la princesse si comiques qu?elle éclata de rire. Les servantes, de bonheur, coururent ouvrir les volets, bousculant ainsi une multitude de moineaux qui nichaient sur les auvents des fenêtres fermées ; les oiseaux s?envolèrent et allèrent se poser sur le bord de la fontaine en chantant : «La princesse est guérie et va se marier avec le prince Ali !» L?eau de la fontaine alla répéter la nouvelle jusqu?à la racine des arbres. Les arbres, à leur tour, le chuchotèrent à toutes leurs feuilles qui en dansèrent de joie. Les rayons de soleil, charmés, embrassèrent les feuilles frémissantes des arbres et apprirent par elles l?événement. Le soleil, par ses rayons, fut mis au courant. Alors au monde entier, l?astre flamboyant de mille feux cria dans les cieux : «La princesse est guérie et va se marier avec le prince Ali !» C?est ainsi que notre histoire finit. Que Dieu me pardonne si j?ai menti. Et si Chitane a menti, Qu?il en soit maudit.