Chaque année, à la même date, le 23 février - une journée qui lui est dédiée - on a une pensée pour La Casbah, ce pan de notre histoire que nous sommes en train de perdre chaque jour un peu plus. Mais il n?y a pas qu?elle qui menace de disparaître à jamais. C?est tout notre vieux bâti, témoin de notre passé et partie de notre mémoire, qui risque de connaître le même sort. Le vieux bâti concerne tout l?immobilier recensé depuis le 31 octobre 1954 jusqu?à 1962, puis le bâti de 1962 à 1987, puis les constructions réalisées en 1987 et qui ne sont pas qualifiées de «vieux bâti», mais qui, selon les architectes, entrent dans cette catégorie. C?est aussi les casbahs, les ksour et les vestiges historiques datant des différentes époques civilisationnelles qu?a connues l?Algérie. A ce jour, aucun recensement effectif et aucun classement par «ordre de priorité», n?ont été réalisés par les pouvoirs publics. En 1987, une tentative de réhabilitation avait été initiée. Depuis, rien n?a été fait. Certes, le séisme de 2003 a été une occasion de faire le point et de prendre le taureau par les cornes pour des études sérieuses et efficientes sur le vieux bâti qui est en péril et menace la vie des citoyens. Cependant, du «bricolage» a été réalisé par des entreprises «non qualifiées» au lendemain du séisme, engloutissant ainsi des milliards sans pour autant résoudre le problème. Le premier bilan dressé par la corporation des architectes et remis aux autorités de la wilaya est malheureusement resté sans suite. Ainsi, selon les estimations d?un membre de l?ordre des architectes et président de l?Union nationale des architectes (UNA), si un autre séisme frappait Alger, 80 % du patrimoine «vieux bâti» disparaîtrait. Il faut savoir que 800 000 logements sont vulnérables, sur les 5,8 millions recensés entre 1962 et 2003, à travers le territoire national. Le Cnea en a recensé 2 millions. Peu importe le nombre, si à ce jour, aucun diagnostic n?a été fait par les pouvoirs publics sur ce vieux bâti. Celui-ci, ce sont aussi les monuments historiques, en état de dégradation très avancée. C?est le cas de la Casbah d?Alger, classée «patrimoine universel» par l?Unesco et pour laquelle un premier rapport a été adressé à la présidence en 1978. Aujourd?hui encore, le sort de la Casbah d?Alger, à l?instar des autres, n?est pas encore décidé. En outre, aucune source n?est capable d?estimer le coût de la restauration du vieux bâti. Plusieurs questions restent posées : l?Algérie a-t-elle les moyens de réhabiliter le vieux bâti ? Comment le fera-t-elle ? Et dans quelle échéance ? Entre-temps, des vies humaines sont menacées, quotidiennement, de l?effondrement de leur bâtisse et tout un patrimoine témoin de siècles d?histoire est en voie de disparition.