Front n C?est la levée de boucliers dans la classe politique américaine, pour empêcher une transaction commerciale, au nom de la sécurité nationale. «Que de républicains et de démocrates prennent leurs distances avec lui sur cette question, c'est une nouvelle indication de son affaiblissement», dit l'analyste Eric Davis. Cette union sacrée de la classe politique américaine contre Bush, avait débuté après l?annonce de la prise de contrôle de six grands ports américains par le groupe émirati Dubaï Port World (DP World), qui avait acheté la compagnie britannique Peninsular and Oriental (P&O) et de ses 30 ports dans le monde, incluant ceux de New York, Newark, Baltimore, Philadelphie, Miami et La Nouvelle-Orléans aux Etats-Unis. En effet, pour la classe politique américaine, cette question relève de la sécurité nationale, reniant du coup tous les sacro-saints principes qui ont fondé la nation américaine, comme le libre marché et la liberté. «Cette question, c'est celle de la sécurité du pays, dont M. Bush a fait son cheval de bataille», dit-on, puis, «c'est en grande partie parce qu'il apparaissait comme le meilleur garant de la sûreté de ses compatriotes qu'il a été réélu». Ou, encore, «Dubaï a servi de base arrière à certains auteurs des attentats du 11-septembre» et ils redoutent des infiltrations par des points aussi vulnérables que les ports. Ils ne sont pas loin de soupçonner que l'administration Bush ait sacrifié la sécurité aux intérêts commerciaux. Le Trésor américain a révélé, hier, que, bien avant l'annonce officielle du rachat prévu de P&O par le groupe émirati, les deux sociétés avaient contacté, le 17 octobre dernier, le comité (CFIUS) chargé d'examiner les investissements étrangers aux Etats-Unis sous l'aspect de la sécurité nationale. Le CFIUS et le département de la Sécurité intérieure ont ensuite été amplement informés par les deux groupes sur leur projet de rachat et ce, à deux reprises, selon le Trésor, le 31 octobre et le 6 décembre. Après plusieurs examens des éventuels risques pour la sécurité nationale posés par cette opération, le CFIUS, composé des représentants des ministères et agences gouvernementales concernées, a donné le 17 janvier son aval à la prise de contrôle des ports américains par un groupe émirati. Le communiqué du Trésor note que ce feu vert a été accordé «près de 90 jours après que les parties sont initialement entrées en contact avec le CFIUS». Pour sa part, l'Autorité portuaire de New York et du New Jersey a introduit un recours en justice, hier, pour bloquer la prise de contrôle du terminal de conteneurs de Newark (New Jersey, nord-est).