Résumé de la 12e partie n Après plus d?un siècle d?existence, la chaise électrique, dans laquelle on a vu un mode d?exécution sans souffrance, est dénoncée comme un moyen de torture. En mettant au point la chaise électrique, Edison pensait rendre service aux condamnés en proposant un moyen rapide de les tuer sans prolonger leurs souffrances, comme c?était le cas pour les anciens modes d?exécution. Il se trompait ! Ecoutons un magistrat américain, William Brennan, décrire l?exécution par chaise électrique : «Il arrive que les globes oculaires sautent hors de leurs orbites et tombent en roulant sur les joues du prisonnier. Celui-ci défèque souvent, urine, vomit du sang et des glaires. Le corps devient de plus en plus rouge au fur et à mesure que sa température s?élève, les chairs se gonflent et la peau se tend à la limite du point de rupture. Parfois, le prisonnier prend feu. Les témoins entendent un bruit fort et soutenu, comme du lard en train de frire et la pièce s?emplit de l?odeur douce et malade de la chair.» On a constaté que la température du corps dépasse les 60 degrés : les tissus cuisent littéralement et prennent l?aspect d?un steak saignant. A l?intérieur, le sang se met à bouillir, le cerveau cuit comme dans une marmite, de la vapeur se dégage et de l?écume déborde de la bouche du supplicié. On ne peut toucher le corps sans prendre le risque de se brûler. Edison avait affirmé qu?avec sa machine, la mort était instantanée et sans douleur. Or, tous les condamnés convulsent, tous les visages sont figés dans d?horribles grimaces, signes d?une souffrance intolérable. Certains individus résistent aux secousses. C?est le cas d?un condamné, en Alabama, en 1983 : il a fallu lui envoyer trois décharges avant qu?il ne meure. Un supplice horrible qui a duré dix minutes ! Des pannes surviennent également et le condamné doit attendre, attaché, qu?on procède aux réparations. En 1946, une telle panne empêche l?exécution d?un détenu, Willie Francis. Celui-ci, au bout d?un temps interminable durant lequel on a essayé de réparer la machine, est reconduit dans sa cellule. Les avocats du condamné demandent à la cour suprême des Etats-Unis d?annuler la condamnation, mais la demande est rejetée et le condamné est exécuté sur la même chaise, qu?on a pris la peine de réparer. Un matériel défectueux augmente les souffrances du condamné. En 1991, les électrodes fixées sur la tête d?Albert Clozza étaient défectueuses : la vapeur produite à l?intérieur du corps devient si forte que les yeux du malheureux sont éjectés et tombent sur ses joues. Les décharges dépassent parfois le seuil fixé et les corps sont affreusement défigurés. En mai 1990, Jesse Tofera résiste à deux puissantes décharges : il faut lui en administrer une troisième, encore plus forte. Des flammes ont jailli de son visage, sa tête a grillé et s?est balancée comme celle d?un pantin désarticulé. Les témoins sont horrifiés et on a vu des partisans de la peine de mort devenir abolitionnistes. Pour sensibiliser le public, l?administration pénitentiaire de Floride n?a pas hésité à publier, en 1999, les photos particulièrement horribles d?un condamné exécuté, Allen Lee Davis : pris à parti, l?Etat a dû abandonner la chaise électrique pour l?injection létale.