Résumé de la 52e partie n L'exécution de Kemmler par électrocution soulève un scandale, mais la chaise électrique sera adoptée par plusieurs Etats américains, puis par tout le pays. En 1982, le Texas, pourtant conservateur en matière de justice, interdit l'usage de la chaise électrique et la remplace par l'injection létale. D'autres Etats vont suivre et aujourd'hui, la chaise est abandonnée partout à l'exception du Nebraska et de l'Alabama qui demeurent les seuls Etats de l'Union à l'employer encore. Cependant, de nouvelles dispositions sont prises pour éviter au supplicié de trop grandes souffrances mais en réalité, le mode d'exécution reste éprouvant. Souvent le condamné doit attendre plusieurs mois, voire plusieurs années. Aux Etats-Unis, en effet, l'exécution n'intervient qu'une fois que le condamné a introduit tous les recours et que la grâce présidentielle lui a été refusée. Un espace particulier est réservé aux prisonniers en attente, c'est le fameux death row, rendu célèbre par le cinéma, et que l'on traduit en français par l'expression «couloir de la mort». Il n'y a pas de doute que cette attente est souvent vécue par les prisonniers comme une torture morale insupportable. Certains craquent d'ailleurs : c'est le cas de Timothy McVeigh qui, après avoir attendu plusieurs années dans le couloir de la mort, a renoncé à introduire de nouveaux recours, pour être exécuté et en finir une fois pour toutes ! Une fois les recours épuisés, la grâce présidentielle refusée, la date de l'exécution est fixée. Le condamné, tiré de sa cellule, est conduit dans la salle où se trouve la chaise, un sinistre siège, auquel sont reliés des fils et des électrodes, instruments du supplice. Quelques instants plus tôt, on lui rase le crâne ; on l'attache solidement sur le siège au moyen de sangles qu'on lui fixe au torse, aux jambes, aux bras et à l'aine. Même s'il parvient à bouger, il ne doit pas, au moment de la décharge, se lever et s'enfuir. des électrodes sont fixées sur le crâne et le front, au-dessus d'une éponge imbibée d'eau salée. Il ne faut pas que l'éponge soit trop mouillée pour éviter le court-circuitage du courant électrique mais elle doit l'être suffisamment pour qu'il n'y ait pas de résistance au passage du courant ! Au cas où la conductivité ne serait pas assurée, le corps peut brûler et les souffrances du supplicié se prolonger. Ces préparatifs achevés, les exécutants s'écartent prudemment et leur chef donne au bourreau l'ordre de libérer le courant. En mettant au point la chaise électrique, Edison pensait rendre service aux condamnés, en proposant un moyen rapide de les tuer, sans prolonger leurs souffrances, comme c'était le cas avec les anciens modes d'exécution. Il se trompait ! On a constaté que la température du corps dépasse les 60 degrés : les tissus cuisent littéralement et prennent l'aspect d'un steak saignant. A l'intérieur, le sang se met à bouillir, le cerveau cuit comme dans une marmite, de la vapeur se dégage et de l'écume déborde de la bouche du supplicié. On ne peut toucher le corps sans prendre le risque de se brûler. Certains individus résistent aux secousses. C'est le cas d'un condamné, en Alabama, en 1983 : il a fallu lui envoyer trois décharges pour le tuer. Un supplice horrible qui a duré dix minutes ! Les témoins sont horrifiés et on a vu des partisans de la peine de mort devenir abolitionnistes. Pour sensibiliser le public, l'administration pénitentiaire de Floride n'a pas hésité à publier, en 1999, les photos, particulièrement horribles, d'un condamné exécuté, Allen Lee Davis. pris à parti, l'Etat a dû abandonner la chaise électrique pour l'injection létale. A suivre K. Noubi