Illégal n Le procès du Français Zacarias Moussaoui se déroule en l'absence de l'organisateur des attaques et de membres d'Al-Qaîda bien plus gradés, pourtant détenus par les Etats-Unis. Dans le Who's who du terrorisme international, il est un nom que nul n'ignore : Khalid Cheikh Mohammed. «Nous avons capturé le cerveau des attentats du 11 septembre contre notre pays», s'était félicité, après son arrestation le 1er mars 2003 à Rawalpindi (Pakistan), le président américain George W. Bush. Ce Pakistano-Koweïtien a imaginé et proposé à Oussama ben Laden, en 1996, les attaques qui ont fait plus de 3 000 morts, selon la commission américaine d'enquête sur les attentats. «KSM», comme le surnomment les spécialistes, devenu plus tard «numéro 3» d' Al-Qaîda, a aussi veillé au recrutement des kamikazes, à leur entraînement et, bien sûr, à leur financement. Il aurait pour cela reçu l'aide précieuse d'un deuxième grand absent du procès de Zacarias Moussaoui, le Yéménite Ramzi ben al-Shaiba. Selon la commission, l'ex-étudiant en Allemagne aurait participé aux attaques s'il avait obtenu un visa pour les Etats-Unis. Faute de papiers, il a aidé «KSM», notamment en faisant parvenir messages et argent aux pirates de l'air. Il a été capturé en septembre 2002 au Pakistan, comme un troisième «gradé», Abou Zoubeida , détenu depuis mars 2002. Ce dernier aurait notamment été en charge du camp d'entraînement au jihad de Khalden, en Afghanistan, par lequel Moussaoui est passé. Les déclarations des deux premiers pourraient être citées au procès, puisqu'ils ont livré leur version sur le rôle, peu défini, de Moussaoui dans le complot. Et pourtant ils ne comparaîtront pas. Par ailleurs, deux pilotes ont raconté, pour la première fois vendredi à la chaîne américaine CNN, comment ils ont décidé, en août 2001, d'appeler le FBI (police fédérale), pour l'alerter sur le comportement suspect du Français Zacarias Moussaoui, trois semaines avant les attentats. Tim Nelson, qui dirige l'école de pilotage Pan Am, dans la petite localité d'Eagan (Minnesota, nord) et son collègue Hugh Sims ont remarqué, dès le départ, l'apprenti pilote pour son étrange demande, formulée par e-mail. «Il voulait être en mesure de décoller et d'atterrir aux commandes d'un 747-400. Il voulait piloter entre deux points particuliers : New York et Heathrow», l'aéroport de Londres, a expliqué le gérant à CNN. Lorsque le Français s'est présenté à l'école, il a payé ses cours avec 7 000 dollars en liquide. «Il est rentré, en jeans, en tee-shirt coloré et casquette. Il n'avait pas l'air d'un type qui a de l'argent à dépenser juste pour le plaisir», s'est aussi souvenu Hugh Sims. «Il nous a dit que c'était une question d'ego, qu'il voulait pouvoir dire à ses copains qu'il pouvait piloter un 747. Mais c'est beaucoup d'argent dépensé juste pour jouer», a poursuivi son collègue. Le gérant, fils de policier, avait vu, peu de temps avant, un documentaire sur un détournement d'avion. Ses doutes se sont renforcées lorsqu'il a su que Moussaoui avait, pendant un cours, demandé à son instructeur «si l'on pouvait débrancher l'oxygène» ou le transpondeur qui permet à l'avion de signaler sa position.