«J? ai vu des cas, mais celui-là, jamais, jamais. Le bébé a été massacré. Croyez-moi, même le médecin légiste n?aura pas le courage de voir la scène», s?indignait hier soir un infirmier de la morgue. Au service des urgences de l?hôpital, le fantôme de la fillette tuée hante les murs et les esprits. «Hier, j?étais de garde quand la police et la Protection civile ont évacué le bébé. Le père était dans tous ses états. Il avait 25,4 de tension artérielle», lançait d?un air désolé un jeune médecin visiblement marqué par ce qu?il a vu. «Ce qui m?a marqué aussi c?est que les autres patients en consultation dans les urgences ont eu les yeux braqués sur l?homme en question. Je pense qu?il ont oublié leurs maux, l?espace de quelques moments insoutenables», ajoute-t-il. A la cité 385 Logements de Aïn Naâdja, lieu de l?abominable crime, les stigmates de l?irréparable sont apparents. «En quelques secondes, une famille entière est brisée; l?enfant est mort, le père en prison avec des remords à vie, une femme seule avec des séquelles psychologiques?», martèle un quadragénaire, habitant la cité. «Je ne pense pas qu?un homme puisse tuer froidement son fils ou sa fille. Tout le monde vous dira que D. R. est un homme comme tous les Algériens ; ni ange ni démon », conclut-il «Allah Ydaoui lhaoual !», s?exclame devant nous une vieille dame qui a appris la nouvelle de la bouche d?une infirmière. Visiblement, ce drame a jeté l?émoi au sein de tout le monde. «Un père peut-il réellement tuer son bébé ?», s?interroge une autre. La question reste sans réponse?