Les 191 000 électeurs de Corse depuis ce matin dimanche 08h 00 locales (06h 00 GMT) aux urnes pour un référendum inédit portant sur la réforme du statut de cette grande île française de la Méditerranée, moins de 48 heures après l'arrestation de l'indépendantiste Yvan Colonna, tueur présumé du préfet Claude Erignac. L'arrestation de l'homme le plus recherché de France pourrait changer la donne de cette «consultation pour avis», à l'issue très incertaine, en mobilisant des électeurs de la droite jusqu'à présent réticents à voter «oui», mais aussi en poussant les indépendantistes à s'abstenir ou à exprimer leur mécontentement. Dès vendredi soir, le porte-parole du groupe nationaliste Corsica Nazione, Jean-Guy Talamoni, a réaffirmé son appel à voter «oui, malgré tout» à l'adoption d'un quatrième statut pour l'île en 22 ans. Le scrutin sera clos à 18h00. Si le «oui» l'emporte, une collectivité territoriale unique sera créée, siégeant à Ajaccio (Corse-du-Sud). Si le «non» arrive en tête, le gouvernement de droite, qui subirait un revers après le succès de l'arrestation d'Yvan Colonna, a affirmé qu'il s'en tiendrait au «statu quo». Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et M. Sarkozy, très impliqués dans la campagne, avec l'appui du président Jacques Chirac, seront directement concernés par le résultat du référendum, un premier test de la réforme sur la décentralisation, cheval de bataille de l'actuel chef du gouvernement français. Les partisans du «oui» comme du «non» redoutent une forte abstention. Aux côtés des nationalistes et de l'UMP (principal parti de la majorité), figurent dans le camp du «oui» la majorité du Parti socialiste (opposition) et deux des trois députés insulaires de gauche. Tout aussi hétéroclite, le campdu «non» réunit quelques élus de droite, un député et un sénateur, radicaux de gauche ainsi que les communistes. Le Front National (extrême droite), absent de la campagne faute d'élu en Corse, a appelé au boycottage du scrutin.