Critique n Guerre en Irak, déficits, sécurité des ports et aéroports, autant de mauvaises nouvelles qui touchent le moral des Américains. Une seule explication : l'«incompétence» de l'administration Bush. Omniprésente dans les discours des principaux élus de l'opposition, l'accusation d'«incompétence» est devenue un slogan commode, applicable à tous les dossiers. Elle a même éclipsé la «corruption», en vogue depuis plusieurs mois. S'adressant cette semaine à des journalistes, le chef de l'opposition sénatoriale Harry Reid a parlé d'«incompétence» trois fois en deux phrases. L'accusation d'incompétence a d'autant plus d'écho qu'elle est abondamment relayée par des commentateurs de toutes tendances. «Ils ont fait toute une série d'erreurs», souligne Stephen Hess, politologue de la Brookings Institution. «Dans certains cas, c'est de l'incompétence de gestion», précise M. Hess, en référence notamment au fiasco de la gestion du cyclone Katrina du mois d'août. «Dans d'autres cas, estime M. Hess, c'est de l'incompétence politique», comme dans le cas du tollé, qu'apparemment personne n'avait vu venir à la Maison-Blanche, soulevé en février par l'affaire des ports que devait reprendre la société émiratie DP World. En fait, les accusations d'«incompétence» si largement reprises donnent au printemps 2006 un petit air de printemps 2001, où «arrogance» et «incompétence» étaient les maîtres mots du microcosme washingtonien. Hier, deux parlementaires de l'opposition démocrate, citant un rapport officiel, ont révélé que 21 aéroports américains ne détectent plus d?explosifs. Ce qui inquiète ces parlementaires, c?est le fait que ce rapport soit gardé confidentiel. Que cache, encore, l?administration Bush ? L?avenir le dira. Les sondages chutaient et le ralentissement économique, couplé aux reproches adressés à M. Bush pour ses fréquents congés, mettaient la Maison-Blanche sur la défensive. «C'est absurde de dire que le président a perdu la main», assurait en juillet 2001 le porte-parole présidentiel de l'époque, Ari Fleischer, alors que la cote de popularité de M. Bush dépassait à peine les 50% de satisfaits. Quelques mois plus tard, cette cote s'envolait à plus de 80%, dopée par la réaction énergique de l'administration Bush aux attentats du 11 septembre. Les derniers sondages montrent que M. Bush est actuellement plus impopulaire que jamais, avec 36% de satisfaits et 60% de mécontents.