InfoSoir : Etant auteur de plusieurs études sur le thème, pouvez-vous nous éclairer sur l?histoire du mouvement associatif ? ll Arous Zoubir : La première association algérienne a vu le jour en 1863. La communauté algérienne était alors organisée dans des associations qui ont donné naissance au mouvement nationaliste. Après l?indépendance, le parti unique monopolisa l?espace public, interdisant toute expression indépendante, mais en lançant ses associations satellites. Après les événements d?Octobre, nous avons assisté à l?apparition de milliers d?associations, confirmant ainsi leur existence sur le terrain. Cela dit, la première à apparaître a été l?Association contre la torture qui a fait des droits de l?Homme son cheval de bataille. Actuellement, 73 000 associations locales et plus de 1 000 nationales sont enregistrées. Mais quelle est la réalité du mouvement associatif national ? ll Il y a trois sortes d?associations : celles qui s?inscrivent dans le courant démocrate, d?autres islamistes et enfin les associations de papier, sans aucune identité politique, mais qui ont des objectifs pécuniaires et que le Pouvoir utilise à sa guise. Des associations ne fonctionnent pas correctement et il n?existe aucune banque de données pour évaluer exactement leur travail. Elles souffrent de manque de communication interne et externe. Le pire est qu?il n?y a aucune coordination entre les associations qui activent dans le même domaine. Pourtant, certaines sont en contact avec des associations étrangères, mais entre elles, ici, elles ne le sont pas. Mais la plupart se sont inscrites dans le jeu politique. Ainsi, pour l?élection présidentielle de 1999, 6 000 associations avait soutenu la candidature de Abdelaziz Bouteflika. Cela nous renvoie au rapport entre les associations et le politique. Justement comment définissez-vous ce rapport ? ll Il n?y a pas de logique claire. On a vu des associations appartenir au pouvoir, d?autres relever des partis et inversement, des associations ont donné naissance à des partis politiques, notamment islamistes. Cette ambiguïté entre le politique et l?associatif s?exprime davantage chez les associations féministes. Cela nous renvoie à l?organisation des rapports entre l?Etat et la société civile. Quel avenir pour le mouvement associatif, selon vous ? ll Il faut développer la conception de bénévolat et de volontariat pour influer sur la société. Pour que les associations se développent sainement, elles doivent sortir de leur carcan et des luttes intestines pour s?occuper de leurs objectifs. L?administration doit jouer son rôle de régulateur : clarification des subventions, à qui vont les subventions, clarification de l?aide étrangère, en finir avec les associations SDF, organisation des associations dans des maisons d?associations pour privilégier le contact? (*) Sociologue et chercheur au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread).