La journée d'aujourd'hui est fatidique pour le Premier ministre français, Dominique de Villepin, et son gouvernement de droite. Alors que les syndicats professionnels et estudiantins promettent un « mardi noir » dans toute la France, le Premier ministre se retrouve dos au mur, en dépit du soutien de Jacques Chirac et des députés du parti de l'Union pour la majorité parlementaire (UMP). La réunion, qui a regroupé, vendredi dernier, syndicats et gouvernement, n'a pas permis de désamorcer la crise. Dominique de Villepin est resté sur ses positions. Il a refusé tout retrait ou suspension du contrat première embauche (CPE). Les syndicats et les étudiants entendent, pour leur part, marquer la journée de mardi par une mobilisation sociale à grande échelle en vue de parvenir à infléchir la position du gouvernement. Alors que les dernières manifestations d'étudiants ont vu l'intrusion de milliers de casseurs et de pilleurs dans les principales artères de Paris, les forces de l'ordre se préparent, elles aussi, au pire scénario. Le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, a invité, hier, gendarmes et policiers à « interpeller les casseurs en amont des manifestations et à agir proportionnellement aux menaces, dans le respect de la déontologie ». Les syndicats pensent que la journée d'aujourd'hui marquera « un grand tournant dans la crise du CPE ». Ils espèrent que le gouvernement entende la voix des millions de marcheurs et accéder à leur demande, à savoir le retrait pur et simple de ce contrat. Ils promettent aussi de programmer d'autres journées d'actions si Dominique de Villepin campait encore sur ses positions au soir de cette journée. Par ailleurs, les syndicats appellent aussi les employés du secteur privé et les parents d'élèves à se joindre au mouvement. Ce qui fait craindre un blocage total de l'économie française. Hier déjà, de grosses difficultés étaient annoncées dans les transports publics et privés. De nombreux appels à la grève ou à des arrêts de travail étaient lancés par l'ensemble des syndicats dans les secteurs de la banque, de l'énergie, de la chimie, de la métallurgie et des médias. Alors que les militants de l'UMP soutiennent le CPE, Nicolas Sarkozy, candidat pressenti pour les prochaines élections présidentielles de 2007, se montre de plus en plus hostile à ce contrat. Bien qu'il reste solidaire de l'action gouvernementale, il ne craint pas, désormais, d'afficher sa différence. Lors d'un meeting dans une ville de province, il a indiqué qu'il « ne voulait pas d'un rapport de force stérile avec la jeunesse ». Il a pressé Dominique de Villepin à choisir la voie du dialogue avec les syndicats et les étudiants, malgré les demandes de l'électorat de droite à maintenir le CPE. Un sondage réalisé, hier, par Ipsos pour France 2 et Le Monde a indiqué que « 63% des Français étaient contre le CPE, mais que 74% des militants de droite le soutenaient ». Les militants socialistes dénoncent le projet à 87%, selon le même sondage. Par ailleurs, 59% des Français jugent Dominique de Villepin responsable du blocage, alors que pour 58% des militants de l'UMP, ce sont les syndicats qui sont à l'origine de cette situation explosive. Au-delà des clivages politiques mis en lumière par la crise du CPE, ce sont les acteurs syndicaux et le gouvernement qui jouent ensemble leur quitte ou double.