Résumé de la 35e partie n A Jérusalem, Daoul?makân et Nozhatou ont vu leur situation matérielle se dégrader jusqu?au dénuement total. Aussi le lendemain, à l'aube, Nozhatou se leva et se couvrit la tête d'un vieux morceau de manteau en poil de chameau que leur avait donné un bon chamelier, leur voisin au khân, et embrassa la tête de son frère et lui jeta les bras autour du cou en pleurant, et sortit tout en larmes du khân, sans savoir exactement où se diriger. Et toute la journée Daoul'makân attendit le retour de sa s?ur ; mais la nuit vint et Nozhatou n'était pas de retour. Et il l'attendit toute la nuit sans fermer l'?il, et Nozhatou ne revint pas ; puis le lendemain et la nuit suivante il en fut de même. Alors, Daoul'makân fut pris d'une crainte très grande pour sa s?ur, et son c?ur se mit à trembler ; et de plus il était resté deux jours sans prendre aucune nourriture. Il se traîna alors péniblement jusqu'à la porte de la petite chambre et de là se mit à appeler le garçon du khân, qui finit par l'entendre ; et Daoul'makân le pria de l'aider à arriver jusqu'au souk. Alors, le garçon le chargea sur ses épaules et le porta au souk et le déposa contre la porte fermée d'une boutique en ruines et s'en alla. Alors tous les passants et les marchands du souk s'attroupèrent autour de lui et, en le voyant dans cet état de faiblesse et d'amaigrissement, ils se mirent à se lamenter sur lui et à le plaindre. Et Daoul'makân, n'ayant pas la force de parler, leur fit signe qu'il avait faim. Alors on se hâta de faire une quête pour lui, dans un plat de cuivre, auprès des marchands du souk, et on lui acheta tout de suite de quoi manger. Et comme la quête avait rapporté trente drachmes, on délibéra sur ce qu'il y avait à faire pour le mieux, dans l'intérêt du malade. Alors un vieux brave homme du souk dit : «Le mieux est de louer un chameau pour ce pauvre jeune homme et de le transporter à Damas, afin de le mettre à l'hôpital consacré aux malades par la générosité du khalifat. Car ici il mourrait certainement en restant sans soins, dans la rue.» Alors tout le monde fut d'accord ; mais, comme c'était déjà la nuit, on renvoya la chose au lendemain, et l'on mit à côté de Daoul'makân, à portée de sa main, une cruche d'eau et des vivres ; et tous rentrèrent chez eux, à la fermeture des portes du souk, en plaignant beaucoup le sort du jeune homme malade. Et Daoul'makân passa toute la nuit sans pouvoir fermer l'?il tant il était préoccupé du sort de sa s?ur Nozhatou ; et il put à peine manger et boire tant il était las et affaibli. Aussi le lendemain, les braves gens du souk louèrent un chameau et dirent au conducteur : «O chamelier, tu vas prendre ce malade sur ton chameau et le transporter à Damas pour le mettre à l'hôpital, où il pourra guérir.» Et le chamelier répondit : «Sur ma tête, ô seigneurs !» Mais en lui-même, le perfide se dit : «Comment pourrais-je transporter de Jérusalem à Damas un homme qui est sur le point de mourir !» Puis il fit s'accroupir son chameau, y plaça le malade, et, couvert de bénédictions par les gens du souk, il parla à son chameau en le tirant par le licou et le chameau se releva et se mit en marche. Mais à peine avait-il traversé quelques rues, qu'il s'arrêta ; et comme il était arrivé devant la porte d'un hammam, il prit Daoul'makân, qui n'avait plus sa connaissance, le déposa sur le tas de bois qui servait à chauffer le hammam et s'en alla en toute hâte. (à suivre...)