Résumé de la 36e partie n L?homme, qui devait transporter Daoul?Makân jusqu?à Damas, l?abandonna sans connaissance devant un hammam. Aussi lorsque le chauffeur du hammam vint à l'aube pour vaquer à son travail, il trouva devant la porte ce corps étendu sur le dos, comme inanimé, et il se dit en lui-même : «Qui a bien pu ainsi jeter ce cadavre devant le hammam, au lieu de l'enterrer ?» Et comme il se disposait à pousser le cadavre loin de la porte, Daoul'makân fit un mouvement. Alors le chauffeur s'écria : «Ce n'est point là un mort, mais c'est sûrement un mangeur de haschisch qui est venu échouer cette nuit sur mon tas de bois ! Ho ! ivrogne, mangeur de haschisch !» Puis, comme il se penchait pour lui crier la chose à la figure, il vit que c'était un tout jeune homme qui n'avait pas encore de poil aux joues et dont toute la physionomie dénotait une grande distinction et une grande beauté malgré sa maigreur et les ravages de la maladie. Alors une grande pitié vint au chauffeur du hammam, qui s'écria : «Il n'y a de force et de puissance qu'en Allah ! Voici que je viens de juger témérairement un pauvre jeune homme, étranger et malade, alors que notre Prophète (que sur lui soient la prière et la paix d'Allah !) nous a tant recommandé de prendre garde au jugement hâtif et d'être charitables et hospitaliers envers les étrangers malades !» Et le chauffeur du hammam, sans hésiter un instant, prit le jeune homme sur ses épaules et retourna à sa maison et entra chez son épouse et le lui mit entre les mains en la chargeant de le soigner. Alors l'épouse du chauffeur étendit un tapis par terre, mit sur le tapis un oreiller tout neuf et bien propre, et coucha doucement l'hôte malade. Puis elle courut allumer le feu, à la cuisine, et chauffa de l'eau, et revint laver les mains, les pieds et le visage du jeune homme. De son côté, le chauffeur alla au souk acheter de l'eau de rose et du sucre ; et il revint asperger le visage du jeune homme avec l'eau de rose, et lui fit boire du sorbet au sucre et à l'eau de rose. Puis il tira de la grande caisse une chemise bien propre, parfumée par les fleurs de jasmin, et la lui mit lui-même sur le corps. Ces soins venaient à peine de se terminer, que Daoul'makân sentit aussitôt une fraîcheur entrer en lui et le vivifier comme une brise délicieuse... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. Le lendemain, elle dit : Il m'est parvenu, ô roi fortuné, que Daoul'makân sentit aussitôt une fraîcheur entrer en lui et le vivifier comme une brise délicieuse, et il put relever un peu la tête et s'appuyer sur les coussins. A cette vue, le chauffeur fut dans le bonheur, et il s'écria : «Louange à Allah pour le retour de la santé ! O Seigneur, je demande à Ta Miséricorde infinie d'accorder la guérison à ce jeune garçon par mon entremise !» Et durant encore trois jours, le chauffeur ne cessa de faire des v?ux pour sa guérison et de lui donner à boire des tisanes rafraîchissantes et de l'eau de rose, et de lui prodiguer les soins les plus délicats. Alors, les forces se mirent à circuler petit à petit dans son corps ; et il put enfin ouvrir les yeux à la lumière et commencer à respirer librement. Et juste au moment où il se sentait mieux, le chauffeur entra et le trouva assis à son aise, avec une mine vive ; et il lui dit : «Comment te sens-tu maintenant, mon fils ?» Et Daoul'makân répondit : «Je me sens en bonne santé et en vigueur.» Alors le chauffeur remercia Allah et courut au souk et acheta dix poulets, les plus beaux du souk, et revint et les donna à son épouse et lui dit : «O fille de mon oncle, voici dix poulets que je t'apporte. Il faut en tuer deux tous les jours, un le matin et un le soir, et les lui servir.» (à suivre...)