Résumé de la 42e partie n Pour faire oublier à sa fille unique sa solitude, un Bédouin proposa à Nôzhatou de l?adopter et de l?emener vivre chez lui. Lorsque Nôzhatou eut entendu ces paroles, elle fut toute confuse et dit : «O cheikh, je suis une jeune fille étrangère, et j'ai un frère malade avec lequel je suis venue du pays du Hedjaz. Et je veux bien accepter d'aller dans ta maison pour tenir compagnie à ta fille, mais à condition d'être libre de m'en retourner, tous les soirs, auprès de mon frère.» Alors le Bédouin lui dit : «Mais certainement, ô jeune fille, tu ne tiendras compagnie à ma fille que le jour. Et même, si tu le veux, nous transporterons ton frère chez moi, pour qu?il ne soit jamais seul.» Et le Bédouin parla et fit si bien qu'il décida la jeune fille à l'accompagner. Mais le perfide n'avait songé, en tout cela, qu'à la séduire, car il n'avait pas trace d'enfants d'aucune espèce, ni gîte ni maison. En effet il ne tarda pas, lui et Nôzhatou et les quatre autres Bédouins, à arriver hors de la ville, à un endroit où tout était préparé pour le départ : les chameaux étaient déjà chargés et les outres remplies d'eau. Et le chef des Bédouins monta sur son chameau et plaça vivement Nôzhatou en croupe, derrière lui, et donna le signal du départ. Et l'on s'éloigna rapidement. Alors la pauvre Nôzhatou comprit que le Bédouin l'avait enlevée et l'avait trompée complètement ; et elle se mit à se lamenter et à pleurer sur elle et sur son frère abandonné sans secours. Mais le Bédouin, sans s'émouvoir de ses supplications, marcha toute la nuit jusqu'à l'aube, sans s'arrêter, et finit par arriver en lieu sûr, loin de toute habitation, dans le désert. Alors, comme Nôzhatou continuait à pleurer, le Bédouin arrêta sa troupe et descendit de chameau et fit descendre Nôzhatou et s'approcha d'elle en fureur et lui dit : «O vile citadine sédentaire au c?ur de lièvre, veux-tu cesser de pleurer, où préfères-tu recevoir des coups de fouet à en mourir ?» A ces paroles brutales du Bédouin grossier, la pauvre Nôzhatou sentit son c?ur se révolter et souhaita la mort pour en finir et s'écria : «O chef des brigands du désert, homme de malheur, tison d'enfer, comment oses-tu tromper de la sorte ma confiance et trahir ta foi et renier tes promesses ? O traître perfide, que veux-tu donc faire de moi ?» A ces paroles, le Bédouin, furieux, s'approcha d'elle, le fouet levé, et lui cria : «Vile citadine, je vois que tu aimes sentir le fouet sur ton derrière ! Or, je te préviens que si tout de suite tu ne cesses tes pleurs qui m'importunent et les paroles que ta langue insolente ose répandre devant ma face, je te prendrai la langue avec mes doigts, et je te la couperai ! Et cela, je te le jure !» A cette menace horrible, la pauvre jeune fille, qui n'était pas habituée à ces brutalités de langage, se mit à trembler et se contint, de terreur, et elle se cacha la tête dans son voile et ne put s'empêcher de soupirer ce poème plaintif : «Oh ! Qui pourrait aller vers la demeure chérie où j'habitais et faire parvenir mes larmes à leur destination ? «Hélas ! Saurai-je plus longtemps endurer mon malheur dans une vie pleine d'amertume et de douleur ? «Hélas ! Avoir si longtemps vécu heureuse et cajolée, pour maintenant tomber dans cet état de pitoyable misère ! Oh ! Qui pourrait aller vers la demeure chérie où j'habitais, et faire parvenir mes larmes à leur destinataire ?» (à suivre...)