Ambiance n Le marché populaire attire aujourd'hui des commerçants de différentes nationalités. Des marchands, d'horizons divers et de cultures différentes, donnent au lieu une ambiance colorée faite de dialectes, de patois et d'accents aux intonations tantôt fluettes, tantôt gutturales ou rauques. L'emplacement du souk, à équidistance entre la gare routière, le port, l'aéroport et la station de bus qui relie la ville aux différentes régions du pays, en a fait un espace de négoce aux allures de zone de libre-échange où tout se vend, tout se troque. Les échoppes, collées les unes aux autres, bariolées et bien approvisionnées, accueillent des commerçants venus «d?ailleurs». La plupart des marchands installés dans cet espace sont des jeunes réputés avoir sillonné plusieurs contrées. lIs ont acquis les rudiments du métier grâce à leurs contacts avec leurs pairs des autres pays. De leurs virées à souk El-Hamidia (Syrie), Khan El-Khalil (Egypte) ou dans les échoppes de Dubaï et d?autres pays asiatiques, ils ont acquis l'art d'enjoliver un produit pour le rendre irrésistible. Mais ces voyages ont ouvert surtout la voie du souk aux commerçants étrangers venus découvrir d'autres m?urs, d'autres pratiques, une autre clientèle. De soie, de satin ou de cotonnade, les robes traditionnelles amples sont la spécialité des commerçants marocains qui, usant d'un parler où se mêlent les accents d?Oujda et de Nador à ceux de Ghazaouet et d'Oran, savent comment vendre ces articIes même aux femmes les plus réticentes. Au milieu des années 1980 et au début de 1990, des commerçants syriens, timidement au départ, ont investi le souk. Introduits par leurs pairs oranais qu'ils avaient appris à connaître et à apprécier et leurs concitoyens installés en Algérie, ils sont devenus un élément incontournable du négoce de l'habillement et des articIes de décoration et d'artisanat à Oran. Les nattes et les tapis égyptiens, jadis importés dans des cabas par des trabendistes occasionnels, sont devenus aujourd'hui des articIes exposés dans des magasins bien tenus par des Egyptiens. L'entrée du souk est, quant à elle, squattée par des commerçants venus de l'Afrique subsaharienne. Assis à même le sol, exposant leurs marchandises sur des étals de fortune, ces marchands, en majorité du Niger et du Mali, proposent une panoplie d'articles hétéroclites : flacons d'ambre, produits de «beauté» à base de substances végétales, bijoux africains, amulettes et autres gris-gris. Le continent asiatique est également présent dans cette «nef commerciale» avec une communauté de Chinois venus en force à Oran à la fin de la dernière décennie à la faveur des chantiers de réalisation de logements, de l'hôtel Sheraton et du nouvel hôpitaI de la capitale de l'Ouest.