Résumé de la 4e partie n Pour faire libérer Ba Messaoud, Sidi Brahim lui arrache la promesse de lui faire bâtir une mosquée à El-Atteuf. Parti, volatilisé, comme si le sol s?était ouvert et l?avait englouti. Ba Messaoud avait beau crier : «Noble vieillard ! Noble vieillard !», il avait disparu. Ba Messaoud se frotte les yeux. La cellule, naguère éclairée, ne reçoit que les faibles rayons de la lune que l?on aperçoit à travers la petite lucarne située en haut du mur. ? Hélas, dit le pauvre homme, ce n?était qu?un rêve ! Un rêve, des illusions, un mirage, des chimères? Et ce sentiment de déception, puis de tristesse, qui l?envahit. Il avait cru vraiment qu?il allait quitter cette maudite prison, retourner parmi les siens?Mais Ba Messoud pousse un petit cri. ? Qu?est-ce que c?est ? Il tient à la main une magnifique canne, ornée de sculptures : la canne de Sidi Brahim ! C?est bien la canne qu?il a vue en rêve et que le saint lui tendait? Mais si c?était un rêve, comment expliquer qu?elle soit là ? ? C?est un miracle, murmure Ba Messaoud. Et l?espoir de la délivrance, promise par Sidi Brahim, revient. Le lendemain, en quittant la prison pour aller travailler sur la plage, il n?oublie pas de prendre la canne avec lui. ? Qu?est-ce que cela ? lui demande un des geôliers. ? C?est une canne? Je l?ai sculptée la nuit, durant mes heures d?insomnie ! ? Tu ne penses pas t?enfuir avec cette canne ? Ba Messaoud prend un air triste. ? Hélas, voilà longtemps que j?ai perdu, à jamais, l?espoir de quitter cette île ! Mais cette canne me servira de soutien. Je m?y appuierai quand je serai fatigué, en fin de journée? ? C?est bon, dit le geôlier, tu peux la garder. Ba Messaoud rejoint ses codétenus, réunis, comme chaque jour, pour accomplir quelque travail pénible. Il travaille de bon c?ur, ne pensant qu?au moment où il pourra enfin échapper à cette île où il croupit depuis vingt ans ! A l?heure du déjeuner, comme annoncé par Sidi Brahim, on donne aux prisonniers des tripes. Chacun s?empresse de manger le morceau remis, mais Ba Messaoud, lui, le cache dans son vêtement. Les gardiens vont, eux aussi, manger, laissant les prisonniers à la garde de chiens féroces. Sentant le moment venu de s?enfuir, Ba Messaoud se met à courir en direction de la mer. Les chiens se lancent aussitôt à sa poursuite et sont sur le point de le rejoindre quand il leur lance les tripes. Les bêtes, que les gardiens nourrissent mal, se jettent sur la viande. Mais le temps qu?il arrive à la mer, les bêtes, qui ont fini de dévorer les tripes, se lancent de nouveau à sa poursuite. Ba Messaoud entend leur halètement? Ils vont le rejoindre, mais, obéissant à Sidi Brahim, il continue à courir les yeux fermés, la canne à la main. Les chiens s?apprêtent à se jeter sur lui. «Mon Dieu, gémit le pauvre homme, sauvez-moi !» (à suivre...)