Résumé de la 5e partie n Ba Messaoud s?enfuit, comme le lui a recommandé, dans son rêve, Sidi Brahim. Miracle : quand il ouvre les yeux, la mer a disparu et à sa place, il n?y a plus que du sable. Un océan de sable qui s?étend à perte de vue? Ba Messaoud a beau se tourner de tous les côtés, il ne voit que des dunes et, au loin, des palmiers. Les chiens, les geôliers, la prison et l?île ont disparu et il se trouve au Sahara, dans son cher M?zab? Il se jette par terre, la face contre le sol : «Merci, mon Dieu !» La canne se trouve à côté de lui, avec son pommeau recourbé et ses jolies sculptures. La canne de Sidi Brahim ! Il se rappelle les propos du saint homme : «Je te la donne. C?est elle qui te sauvera !» Et il le remercie d?avoir intercédé en sa faveur. Il est donc revenu au M?zab, il a quitté l?île maudite où vingt ans durant, il a été retenu emprisonné ! Il a cru, dans son désespoir, qu?il y finirait misérablement ses jours, loin de son pays et des siens ! Son pays ! Il lui suffit de monter sur une dune de sable pour apercevoir au loin les minarets d?El-Atteuf : deux minarets qui semblent lui lancer des appels, l?inviter à venir rendre grâce au Seigneur Très Haut qui lui a accordé Sa miséricorde. Il s?y rendra, mais pour le moment il doit d?abord se faire reconnaître des siens, reprendre sa place parmi eux. Et ce n?est pas chose facile ! Va-t-on le reconnaître après une si longue absence ? Et si on se souvient encore de lui, va-t-on comprendre les raisons de cette absence ? Peut-être que des gens malveillants, des ennemis ont colporté sur lui des mensonges, peut-être qu?on l?accuse de vilenies et que son souvenir a été terni? Il ne supporterait pas qu?on le regarde d?un mauvais ?il ou qu?on murmure des propos déplaisants à son passage ! Il a toujours été un homme honorable et pieux, qui a rempli ses devoirs religieux et agi selon les prescriptions du Prophète béni? C?est l?été et il fait très chaud. A cette période de l?année, beaucoup d?habitants d?El-Atteuf, fuyant la chaleur, cherchent refuge dans l?une des deux palmeraies de la ville. C?étaient comme des villes, ces palmeraies, avec des murailles et des tours de défense : les arbres y étaient protégés et, en cas d?incursion ennemie, on s?y réfugiait? Des habitants d?El-Atteuf y possèdent même des maisons où, à cette période de l?année, ils vont résider. Ba Messaoud lui-même y possédait une maison où il se rendait chaque été, avec sa famille. Il y possédait aussi des palmiers qui donnaient des dattes succulentes. Mais tout cela existe-t-il encore ? Il a bien envie d?aller faire un tour dans la palmeraie, mais il redoute qu?on le reconnaisse aussitôt et qu?on lui fasse mauvais accueil. Le mieux, pour lui, c?est de se fondre dans la foule de la ville, de prendre progressivement contact avec les choses et les gens. Et quand il sera reconnu, il racontera son histoire et il tiendra la promesse qu?il a faite au saint qui l?a tiré d?affaire ! (à suivre...)