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Une ville, une histoire
La mosquée de Sidi Brahim (2e partie)
Publié dans Info Soir le 02 - 04 - 2006

Résumé de la 1re partie n La mosquée de Sidi Brahim est l?une des mosquées de la ville d?El-Atteuf, dans le M?zab. Elle a sa légende.
La tradition parle d?un homme appelé Ba Messaoud ; le terme ba est utilisé, au M?zab, comme terme de déférence, notamment quand on s?adresse à une personne âgée. Ba Messaoud, pour on ne sait quel délit, a été arrêté et jeté dans une prison qui se trouve sur une île. C?est dire qu?il est très loin de son pays natal, car qui dit île dit rivage, dit régions du Nord, loin du désert aimé?
Ba Messaoud est un homme pieux qui, en dépit de l?adversité, n?a pas oublié ses devoirs religieux. Cinq fois par jour, il fait la prière et la nuit, il reste longtemps éveillé, suppliant le Seigneur Très-Haut de lui accorder la patience nécessaire pour supporter l?adversité !
Il lui fallait de la patience à Ba Messaoud, beaucoup de patience même, car voilà vingt ans qu?il croupit en prison sans voir la fin de son supplice.
Vingt ans derrière quatre murs, soumis à la surveillance permanente de geôliers impitoyables. Les seuls moments où il peut sortir, c?est pour aller sur la plage où, en compagnie d?autres prisonniers, il est soumis à des travaux de force ! Il en revient épuisé, mais qu?importe : le travail à l?air libre, même sous un soleil ardent, est préférable à la solitude insupportable de l?enfermement !
Ce jour-là, il a beaucoup travaillé et dès qu?il s?est retrouvé dans sa cellule, il s?est jeté sur sa couche, une misérable natte mangée par les mites. D?habitude, il se laisse aller au sommeil mais aujourd?hui, il n?arrive pas à dormir. C?est que la nostalgie du pays natal est plus forte que d?habitude, c?est que l?image de revoir ceux qu?il a quittés, il y a vingt ans, ne l?abandonne pas. Proches parents, voisins, amis et même ennemis viennent le hanter dans le misérable réduit où il peut à peine bouger. Et tous l?appellent : «Viens Messaoud ! Pourquoi ne reviens-tu pas parmi les tiens ? Ici, tout le monde se souvient de toi !»
Une autre voix, qu?il croit reconnaître, lui susurre : «Des gens que tu as laissés sont morts, les enfants ont grandi, d?autres sont nés, et ceux qui te connaissent, comme ceux qui ne t?ont jamais vu souhaitent que tu reviennes et que tu reprennes ta place à l?assemblée des sages !»
Une autre voix se fait entendre : «Messaoud, c?est la fin de l?été ! Si tu voyais les palmeraies ! Les branches des arbres sont chargées de fruits succulents, gorgés de miel? Toi qui aimes tellement les dattes, cette année encore, tu n?en goûteras pas !»
Messaoud se dresse sur son séant. «Vous qui m?interpellez de la sorte, vous ne devez pas ignorer que je désire très fort retourner dans mon pays, voir les gens que j?ai connus et côtoyés, goûter aux choses que j?aime ! Mais hélas, je suis retenu prisonnier sur cette île et je ne vois pas venir la délivrance !»Il se met à pleurer mais les voix continuent à l?appeler : «Viens, Messaoud, viens, quitte cette cellule ! Nous avons tellement envie de te compter de nouveau parmi nous !» (à suivre...)


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