Techniques n Les contrebandiers ne lésinent pas sur les moyens pour arriver à leurs fins. L?image est des plus frappantes : derrière des habitations, bien construites pour la plupart, au douar Mohammed-Salah, distant d?une dizaine de kilomètres de Maghnia et de quelques mètres seulement du territoire marocain, plusieurs écuries ont été érigées pour servir de gîtes aux? dizaines de baudets acquis par des habitants du coin pour les besoins du «transport du gasoil et de l?essence destinés aux contrebandiers marocains», indique-t-on. Ici, comme dans toute la région frontalière ouest, le baudet demeure encore et toujours le moyen le plus utilisé pour l?acheminement des carburants vers le Maroc. Les contrebandiers l?utilisent chaque jour que Dieu fait dans leur sale besogne. «C?est pour cela qu?il coûte cher par ici, il faut débourser jusqu?à 10 000 DA pour en acquérir un», commente, mi-plaisantin mi-sérieux, un gendarme. Souvent, ces bêtes traversent la frontière dès la nuit tombée avec sur le dos 6 à 7 jerricans d?essence ou de gasoil. Elles sont conduites en groupe, par un nombre restreint de contrebandiers, cinq au maximum, qui les abandonnent au moindre problème. Selon des sources bien informées, les réseaux de contrebande utilisent depuis un moment une nouvelle technique qui consiste à mobiliser jusqu?à 50 baudets, voire plus, pour faire passer le gasoil et l?essence au Maroc. Ainsi, même quand les gardes-frontières, les douaniers ou les gendarmes s?en aperçoivent, ils ne peuvent pas faire grand-chose : «Vous imaginez 50 baudets traverser la frontière ? Au grand maximum, nous pourrons en intercepter la moitié. Alors que l?autre s?en ira tranquillement vider la cargaison qu?elle transporte de l?autre côté de la frontière», confie un garde-frontière. La tâche des services de sécurité et de la douane est d?autant plus difficile que les contrebandiers font souvent emprunter aux baudets des pistes impraticables pour les véhicules. Quand ils sont interceptés, ces baudets sont rarement saisis comme le stipule la loi. Ils sont, dans la plupart des cas, lâchés dans la nature où les contrebandiers les récupèrent. C?est que les services habilités à lutter contre la contrebande n?ont pas toujours les moyens pour ce faire : ils ne disposent même pas d?endroits aménagés pour les animaux et encore moins de fourrières?