Embuscade n La circulation automobile devient de plus en plus fluide et le calme s?installe petit à petit. Le territoire marocain n?est qu?à un kilomètre de là. «Voilà une bonne raison pour tendre une embuscade aux contrebandiers qui doivent certainement passer par ici», suggère le commandant de compagnie. Sans perdre de temps, il explique à ses hommes son plan : «Voilà, nous allons effectuer une patrouille pédestre sur cette piste. Laissez trois éléments pour surveiller les véhicules.» L?opération commence alors aux environs de 21h 40. En tout, une dizaine de gendarmes y participent. Sans faire de bruit, ils traversent un vaste champ avant d?atterrir dans une sorte de val d?où ils vont surveiller la piste située à quelques mètres de là. «Nous sommes à Tkouk», nous apprend un gendarme d?une voix à peine audible. Plus de 20 minutes se sont égrené depuis que l?opération a été lancée sans que la trace d?un contrebandier ne soit signalée. Même les gendarmes embusqués à deux mètres de la piste n?ont rien repéré. L?attente et le silence sont pesants pour tout le monde. Mais où sont ces contrebandiers ? La question est sur toutes les lèvres, mais personne n?ose la poser. «Hadharate, je vois des silhouettes, je crois qu?ils sont là sur le monticule, regardez», annonce soudain un gendarme à son chef. Ce dernier tente de confirmer les dires de son subordonné avant de donner l?assaut. Après deux bonnes minutes d?écoute, il lance : «Attrapez-les, ils sont là, habbas wirrak (arrête-toi).» Une course-poursuite s?engage alors. Arrivés sur le monticule, les gendarmes découvrent le pot aux roses : une vingtaine de baudets chargés de plus 140 jerricans de gasoil. Les contrebandiers, quatre ou cinq hommes, les ont abandonnés à la vue des gendarmes. Les heures passent, minuit approche. Il commence à faire froid. Mais les gendarmes ne vont pas rentrer de sitôt. Ils doivent conduire les baudets jusqu?à la route principale puis transporter les jerricans de gasoil jusqu?à la brigade de Maghnia. «Arr, arr, arr», crie le commandant de compagnie à l?adresse des baudets, qui ne tardent pas à s?engager sur la piste menant à la route principale. «Ils connaissent bien leur chemin, si on les suit, ils vont nous emmener jusqu?à la maison d?où ils sont partis», dit -il.