Obstacle n L?avènement du téléphone mobile a rendu encore plus difficile le travail des services de sécurité et de la douane. Lazhar Berramdane, le commandant de la compagnie de Gendarmerie nationale de Maghnia est formel : «Depuis que le téléphone mobile a fait son apparition ici, nous éprouvons de plus en plus de difficultés à lutter contre la contrebande, ceci d?autant plus que nous, gendarmes, contrairement à d?autres services de sécurité, nous ne pouvons pas opérer en civil ; toutes nos interventions, nous devons les accomplir en tenue réglementaire.» A Maghnia et sa périphérie, peut-être plus qu?ailleurs, le téléphone mobile «fonctionne H24 et à 100 %», comme on dit dans le jargon local. Avec ce moyen de communication, le moindre mouvement, le moindre geste des services de la Gendarmerie nationale et de la douane sont communiqués en temps réel aux contrebandiers «par leurs nombreux réseaux de soutien». Ici, on n?est pas obligé de «labourer» du matin au soir pour gagner sa journée. Avec «zéro et demi effort, tu as une recette de 500 DA minimum», nous révèle un habitant du coin, croyant avoir à faire à un étranger à la région à la recherche d?un emploi. Ce «zéro et demi effort» consiste, explique notre interlocuteur, à s?asseoir dans un coin donné, un téléphone portable à la main, et à surveiller les mouvements de la police, de la gendarmerie, de la douane, des Gendarmes gardes-frontières (GGF). «Dès qu?ils dressent un barrage ou empruntent telle ou telle voie, le préposé est tenu de le signaler», ajoute-t-il. C?est certainement pour cette raison que les gendarmes, les gardes-frontières, les policiers ou les douaniers ne découvrent pas grand-chose quand ils dressent des barrages aux quatre coins de la région. «Les contrebandiers sont vite informés de notre présence sur tel ou tel axe routier, ils changent ainsi complètement d?itinéraire pour nous éviter», explique un gendarme. Et un autre de noter que les personnes que l?on aperçoit généralement sur les deux côtés de la route, assises en pleine nature ou en train de faire paître leurs moutons, «sont en vérité là pour nous surveiller et signaler nos mouvements. Ils sont payés pour». Pour contourner cet obstacle, les services de sécurité et de douane tendent régulièrement des embuscades aux contrebandiers la nuit. C?est lors de ces opérations, d?ailleurs, que le gros des saisies est effectué.