La vente de puces sans contrat, et donc ne permettant pas l'identification de l'acheteur, constitue un obstacle à la résolution d'un certain nombre d'affaires. Les groupes criminels et terroristes multiplient les exactions à l'aide de cet outil moderne de communication. Menaces de mort, enlèvements accompagnés de demande de rançon, attentats au téléphone piégé, vols de portables, la gendarmerie et la police sollicitent souvent les différents opérateurs dans le domaine de la téléphonie pour l'identification des auteurs. Toutefois, la vente de puces sans contrat pose encore problème. Nous avons appris auprès de l'état-major de la gendarmerie nationale que lesdites compagnies ont été approchées pour mettre fin à l'anarchie qui caractérise le réseau de distribution et qui entrave le travail des services de sécurité dans l'élucidation de certaines affaires. “Djezzy, Nedjma, Mobilis nous aident beaucoup, il reste l'obstacle des puces sans contrat qui ne nous permettent pas l'identification des malfaiteurs”, nous confie-t-on. Notre interlocuteur cite le cas de l'enlèvement d'un enfant de 11 ans à Souidania, assorti d'une demande de rançon de l'ordre de 300 millions de centimes par un gang. Il affirme que “l'arrestation des 8 malfaiteurs a été possible grâce à l'identification du propriétaire du téléphone à partir duquel l'appel a été effectué pour formuler la demande de rançon”. L'utilisation du téléphone portable comme moyen de proférer des menaces, demander une rançon ou de fabriquer des bombes déclenchées à distance est “un nouveau phénomène auquel font face les différents services de sécurité actuellement. Ils sont appelés à trouver rapidement un moyen pour y faire face”, fait remarquer une source de la DGSN. Le GSPC a eu recours à plusieurs reprises à ce procédé en achetant des puces de 1 000 dinars et 300 dinars au niveau de points de vente, dont le seul but est d'accroître les gains sans se soucier d'autres considérations. Le maire d'Ouled Aïssa en a fait récemment les frais : 400 g de TNT emballés dans une boîte de jus relayée à un téléphone portable ont été découverts sous son véhicule. Les terroristes prévoyaient de déclencher l'explosion en appelant simplement le numéro correspondant à la puce. Le maire n'a eu la vie sauve que grâce à l'absence de champ. Le même type d'attentat au téléphone piégé a ciblé un agent de la police à Zemmouri, le tuant sur le coup et blessant grièvement sa femme. Les opérateurs que nous avons contactés reconnaissent l'existence de telles pratiques et affirment qu'ils ne cessent de rappeler à leurs distributeurs qu'ils sont dans l'obligation de vendre des puces avec contrat. “Il s'agit de nous protéger et de protéger nos clients. Malheureusement, les circuits de distribution ne sont pas arrivés à maturité en Algérie”, ont déclaré récemment les responsables de Dezzy. À ce niveau, on affirme que les personnes harcelées ou faisant l'objet de graves menaces ne déposent pas systématiquement plainte. Elles préfèrent dans la plupart du temps s'adresser à cet opérateur, pour demander des renseignements sur l'auteur de l'appel anonyme. “Or, nous sommes tenus par le devoir de confidentialité. Nous ne donnons ce genre d'informations que si nous sommes saisis par la police.” À la question de savoir à quelle fréquence Dezzy est sollicité par les services de sécurité pour des informations sur certains appels, on répond, à ce niveau, ne pas disposer de chiffre précis. Interrogé sur le sujet, le directeur général de l'autorité de régulation, Ahmed Gaceb, répond que la structure qu'il dirige a “rappelé à l'ordre, à plusieurs reprises, les différents opérateurs intervenant dans le secteur de la téléphonie, sachant que dans le cahier des charges, il y a une disposition qui les oblige à identifier leurs abonnés à travers un contrat dûment établi accompagné d'une photocopie de la pièce d'identité. La vente de puces sans contrat est à la fois un problème lié au respect de la réglementation et à la sécurité publique”. Pour ce qui est du vol de portable, l'autorité de régulation, en concertation avec les trois opérateurs qui sont Djezzy, Nedjma, Mobilis et en collaboration avec la DGSN, a déjà mis en place une solution technique qui permet le blocage des puces volées. Pour mettre fin à l'utilisation de portables à des fins criminelles, des sources sécuritaires affirment que la fermeture des points de vente de puces qui ne respectent pas la réglementation en vigueur est une possibilité fortement envisagée. Nissa Hammadi