Résumé de la 57e partie n L?un après l?autre, Omar Ibn Abdelaziz, Safiân, AbdaIlah ben Scheddad sont cités par la belle Nôzhatou. Elle raconte leur vie? Nôzhatou, toujours derrière le rideau, rapporte à son auditoire les secrets de la Troisième porte, celle des vertus : «C'est toujours l'intègre khalife Omar ibn Abdelaziz qui, ayant senti l'approche de la mort, réunit autour de lui tous ses enfants et leur dit : ?Le parfum de la pauvreté est agréable au Seigneur.? Alors l'un des assistants, Mosslim ibn-Abdelmalek, lui dit : ?O émir des Croyants, comment peux-tu laisser ainsi tes fils dans la pauvreté, alors que tu es leur père et le pasteur du peuple, et que tu pourrais les enrichir dans le trésor ? Cela ne vaudrait-il pas mieux que de laisser toutes ces richesses à ton successeur ?? Alors le khalife, sur son lit étendu mourant, eut une grande indignation et une grande surprise et dit : ?O Mosslim, comment pourrais-je leur donner cet exemple de corruption, dans mes derniers instants, alors que toute ma vie je leur ai fait suivre la voie droite ? O Mosslim, j'ai assisté, dans ma vie, aux funérailles de l'un de mes prédécesseurs, l'un des fils de Merouân, et mes yeux virent des choses et les comprirent. Et alors je me suis bien juré de ne point agir comme il avait agi de son vivant, si je devais jamais être le khalife !?» «Et ce même Mosslim ben Abdelmalek nous raconte ceci : ?Un jour que je venais de m'endormir au retour de l'enterrement d'un cheikh, un ascète, j'eus un rêve où m'apparut ce cheikh vénérable tout habillé de vêtements plus blancs que le jasmin ; et il se promenait dans un lieu de délices arrosé par des eaux courantes et rafraîchi par une brise enivrée de s'être arrêtée sur les citronniers fleuris. Et il me dit : O Mosslim, que ne ferait-on pas, dans la vie pour une telle fin ??» «Et il est parvenu jusqu'à moi qu'un homme, sous le règne d'Omar ibn Abdelaziz, dont le métier était de traire les brebis, ayant été voir un berger de ses amis, vit au milieu du troupeau deux loups qu'il crut être des chiens, et il fut grandement effrayé de leur aspect sauvage, et il dit au berger : ?Que fais-tu là de ces terribles chiens ?? Et le berger lui dit : ?O laitier, ce ne sont point des chiens, mais des loups apprivoisés. Et ils ne font pas de mal au troupeau, car je suis la tête qui dirige. Et quand la tête est saine, le corps est sain.?» «Et un jour le khalife Omar ibn Abdelaziz, du haut d'une chaire construite de boue desséchée, fit à son peuple assemblé un poème qui se réduisait à trois paroles seulement. Et il conclut par ces mots : ?Abdelmalek est mort, et morts aussi ses prédécesseurs et ses successeurs. Et moi aussi, Omar, comme eux tous, je mourrai !? Alors Mosslim lui dit : «O émir des Croyants, cette chaire n'est point digne du khalife, et elle n'a même pas une chaîne de rampe. Laisse-nous au moins y mettre une chaîne de rampe !? Mais le khalife lui dit d'une voix calme : ?O Mosslim, voudrais-tu donc qu'Omar, au jour du jugement, portât au cou un morceau de cette chaîne ??» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. (à suivre...)