La générale de Zaâma, un monologue écrit et mis en scène par Mahfoud Fellous, a été donnée, mercredi, à la salle Ibn Khaldoun. Jouée, par Hakim Zeloum, la pièce raconte les péripéties d?un homme qui a vécu dans le monde de l?informel de l?indépendance à nos jours : indépendance, socialisme, libéralisme? Zaâma est le nom de notre héros, un personnage qui n?est autre que le produit d?une Algérie en mutation constante, en quête de repères, et allant de désillusions en désillusions. Une Algérie ballottée d?un régime à l?autre, marquée et surtout tiraillée par les crises même les plus tragiques, voire assassines. La pièce raconte ainsi une Algérie en crise : «Malgré ses richesses et ses ressources humaines, malgré ses énormes potentialités, elle est continuellement confrontée au déchirement», dira le protagoniste. En somme, une Algérie qui n?arrive pas à émerger ; et la raison de cette crise s?explique, selon le personnage, par un déficit relevant de l?ordre intellectuel : l?inaction de la vie culturelle et artistique, la fuite des cerveaux, un régime politique rétrograde bloquant toute initiative créatrice? Ainsi, Zaâma symbolise le blocage culturel qu?endure le pays, marasme culturel signifie déficit économique, crise politique et indigence sociale. La pièce qui s?inspire de faits réels s?organise à la manière d?un discours qui revêt une fonction ayant pour but de dénoncer l?acuité du vécu algérien à différents niveaux : politique, économique, social, culturel. Même si la pièce s?exprime dans un réalisme saisissant, le jeu se veut aéré, souple mais démonstratif, un jeu privilégiant l?humour et tantôt le comique. Le dramaturge a donc adopté le comique et le langage populaire en vue de permettre au public de mieux cerner sa réalité. Afin de véhiculer son message : renouer avec la culture et les traditions nationales, Mahfoud Fellous a agrémenté sa pièce de quelques chansons qu'il a lui-même écrites, sur des airs connus du défunt comédien Rachid Ksentini.