Résumé de la 55e partie n Sans se lasser, Nôzhatou rapporte à son auditoire conquis les faits et gestes du khalife Moawiah ainsi que d?autres éminentes personnalités. Alors le khalife se tut et dit à Aslam Abou-Zeid : ?Vite, allons-nous-en !? Et il marcha très vite jusqu'à ce qu'il fût arrivé à l'intendance de sa maison ; et il entra dans le magasin de l'intendance, et il tira un sac de farine d'entre les sacs de farine et aussi une jarre remplie de graisse de mouton, et il dit à Abou-Zeid : ?Aide-moi à les charger sur mon dos, ô Abou-Zeid !? Mais Abou-Zeid se récria et dit : ?Laisse-moi les porter moi-même sur mon dos, ô émir des Croyants !? Il répondit avec calme : ?Mais serait-ce donc toi aussi, Abou-Zeid, qui porterait le fardeau de mes péchés au jour de la Résurrection ?? Et il obligea Abou-Zeid à lui mettre sur le dos le sac de farine et le vase de graisse de mouton. Et le khalife marcha vite, ainsi chargé, jusqu'à ce qu'il fût parvenu auprès de la pauvre femme ; et il prit de la farine et il prit de la graisse et les mit dans la marmite sur le feu et, de ses propres mains, il prépara cette nourriture, et il se pencha lui-même sur le feu pour souffler dessus, et, comme il avait une très grande barbe, la fumée du bois se frayait chemin par les interstices de la barbe. Et lorsque cette nourriture fut prête, Omar l'offrit à la femme et aux petits enfants, qui en mangèrent jusqu'à satiété au fur et à mesure qu'Omar la leur refroidissait de son souffle. Alors Omar leur laissa le sac de farine et la jarre de graisse, et s'en alla en disant à Abou-Zeid : «O Abou-Zeid, maintenant que j'ai vu ce feu, sa lumière m'a éclairé !?» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Le lendemain, elle dit : Il m'est parvenu, ô Roi fortuné, que la jeune Nôzhatou continua ainsi : «Et c'est le même khalife Omar qui, ayant un jour rencontré un esclave qui menait paître le troupeau de son maître, l'arrêta pour lui acheter une chèvre. Mais le berger lui dit : ?Elle ne m'appartient pas.? Alors le khalife dit au berger : ?Esclave admirable, je vais t'acheter toi-même et te libérer !? Et il acheta le berger à son maître et l'affranchit. Car Omar se disait en lui-même : ?0n ne rencontre pas tous les jours un homme intègre !?» «Un autre jour, Hafsa, une parente d'Omar, vint le trouver et lui dit : ?O émir des Croyants, j'ai appris que l'expédition que tu viens de faire t'a procuré beaucoup d'argent. Aussi je viens, par le droit de ma parenté, t'en demander un peu.? Et Omar lui dit : ?O Hafsa, Allah m'a constitué le gardien des biens des musulmans ; et tout cet argent est pour le bien commun des musulmans. Je n'y toucherai pas pour ton plaisir et ma parenté avec ton père ; et de la sorte je ne léserai pas les intérêts de l'ensemble de mon peuple !?» Là, Nôzhatou, derrière le rideau, entendit les exclamations de ses auditeurs invisibles au comble de la satisfaction. Et elle cessa un instant de parler puis elle dit : «Je parlerai maintenant de la troisième qui est la porte des vertus. Et ce sera par des exemples tirés de la vie des compagnons du Prophète (la paix et la prière sur lui !) et des hommes justes parmi les musulmans. (à suivre...)