Le ministre français des Affaires étrangères réagissait en des termes nuancés, ce matin dans un interview à la radio RMC, aux propos du président Abdelaziz Bouteflika qui a dénoncé lundi dernier à Constantine un «génocide de l'identité» algérienne par la France. «La colonisation française en Algérie a commencé par l?horreur», a reconnu ce matin, Philippe Douste-Blazy dans ce qui peut être considéré comme une première réaction officielle de la France aux propos du président Bouteflika, tenus lundi dernier à Constantine et accusant la France d?avoir commis un «génocide de l?identité» algérienne par la France durant la colonisation (1830-1962). L?aveu de Douste-Blazy, ce matin sur les ondes de la Radio RMC, aurait pu aisément prendre l?allure d?un mea culpa et d?une repentance qui auraient ?uvré, sans nul doute, en faveur du dégel entre les deux capitales, si le chef de la diplomatie française n?avait pas ajouté un «mais». «Mais?(la colonisation) a été suivie d'avancées grâce au travail d'instituteurs, d'architectes ou de médecins», a-t-il nuancé dans sa tentative de briser le silence dans lequel s?est confiné Paris immédiatement après les accusations algériennes. «Dans toutes les affaires de colonisation, il y a eu deux moments : le moment de la conquête qui est toujours un moment d'horreur», a dit le ministre français. Puis «une fois que vous êtes sur la terre (nouvellement conquise) il y a des femmes et des hommes qui travaillent et qui vont instruire des enfants», a fait valoir le ministre des Affaires étrangères. «Il y a des instituteurs français qui, évidemment, ont fait leur travail, des architectes qui ont fait leur travail, des médecins qui ont soigné», a-t-il encore argumenté. Pour rappel, depuis l?antique Cirta, le président de la République a affirmé : «La colonisation avait réalisé un génocide de notre identité, de notre histoire, de notre langue, de nos traditions (...) Nous ne savons plus si nous sommes des Amazighs, des Arabes, des Européens ou des Français». Pour Douste-Blazy, «plutôt que de polémiquer, plutôt que d'employer des mots comme cela, il est important pour l'Algérie comme pour la France, de regarder devant, de construire ensemble, parce que par l'Histoire et par la géographie nous sommes liés à l'Algérie». «La politique, cela se construit sur l'avenir, sur la vision, pas sur la ranc?ur», a-t-il ajouté. «L?exercice de mémoire», prenant un coup avec la loi discriminatoire du 23 février, est ? il est utile de la rappeler ? la principale pierre d?achoppement de la signature effective du traité d?amitié entre le deux pays. C?est pour cette raison d?ailleurs que Douste-Blazy n?a pas hésité, lors de la présentation de son bilan du déplacement effectué à Alger devant l?Assemblée française, à avertir les siens contre «toute erreur géostratégique». «La France doit maintenir la relation très forte qui la lie à l?Algérie, pays dont l?économie est des plus dynamiques», avait-il prévenu. Moins d?une semaine après, Douste-Blazy revient avec des propos nuancés. «L?exercice de mémoire» ne va pas s?estomper de sitôt.