Les autorités françaises n'ont voulu faire aucun «commentaire», hier, lors du point de presse du ministère des Affaires étrangères, sur les propos du président Abdelaziz Bouteflika qui a dénoncé à Constantine le «génocide de l'identité» algérienne, durant la colonisation, de 1830 à 1962. Le président de la République a déclaré à Constantine, lundi dernier, que «la colonisation a réalisé un génocide de notre identité, de notre histoire, de notre langue, de nos traditions (...)». «Notre réaction est simple sur ce point : je ne ferai pas de commentaire sur les déclarations du président algérien», a déclaré Denis Simonneau, porte-parole adjoint du Quai d'Orsay, en réponse aux questions pressantes sur un sujet devenu des plus sensibles et sur lequel les autorités françaises veulent garder, semble-t-il, un silence d'expectative. Le fait est que, soucieux de ne pas exacerber une situation devenue, ces dernières semaines, des plus tendues, les dirigeants français paraissent opter pour une stratégie de dédramatisation qui passe par un «no comment» des plus significatifs quant au malaise, voire au désarroi, qui a suivi le voyage à Alger du ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy. Paris, qui n'a pas apprécié à sa juste mesure l'impact désastreux de la loi du 23 février 2005 sur les Algériens, peuple et dirigeants confondus, doit sans doute s'interroger sur les voies et moyens susceptibles de dissiper le malentendu et de lever les équivoques induites par le devoir de mémoire jusqu'ici appréhendé sous le seul angle des intérêts électoralistes pour l'échéance, certes cruciale, de 2007. Le silence du Quai d'Orsay est donc pendant de celui du président Jacques Chirac, lui-même, qui accorde à la signature du traité d'amitié une importance d'autant plus grande qu'elle doit sceller la fin de sa seconde mandature et demeurer, pour l'histoire, un pas décisif dans la page des retrouvailles entre le peuple algérien et le peuple français. Car il ne peut ignorer, lui qui connaît si bien le passé et le présent de cette histoire tumultueuse, qu'elle recèle bien des embûches et ô combien de non-dits qui doivent absolument être apurés, afin d'avancer, lentement et sûrement, vers la refondation d'un partenariat d'exception qui transcende les hommes et les conjonctures.