Résumé de la 20e partie n Patricia rencontre Abigail Jennings, qui abrège l?entrevue, mais lui remet des documents et des films la concernant. L?inconnu resta sans bouger, longtemps après que Pat eut refermé la porte, comme s?il ne pouvait se décider à s'en aller. Pat faisait griller une côtelette de mouton dans la cuisine lorsque le téléphone sonna. Elle ne s'attendait pas à ce que Sam l'appelât, mais... Avec un sourire prompt, elle souleva l'appareil. «Allô !» Un murmure. «Patricia Traymore ? ? Oui. Qui est à l'appareil ?» Mais elle reconnaissait ce chuchotement doucereux. «Avez-vous reçu ma lettre ?» Elle s'efforça de prendre un ton calme et persuasif. «J'ignore ce qui vous tourmente. Expliquez-le-moi. ? Renoncez à votre émission sur le sénateur, mademoiselle Traymore. Je ne veux pas vous punir. Ne m'obligez pas à le faire. Mais rappelez-vous les paroles du Seigneur : ?Si quelqu'un scandalise un de ces petits, mieux vaudrait pour lui qu'on suspendît à son cou une meule de moulin et qu'on le jetât au fond de la mer.?» La communication fut coupée. C'était le coup de téléphone d'un fou, sans plus ? un fêlé qui pensait sans doute que les femmes sont juste bonnes à rester à la cuisine, et non à occuper des fonctions officielles. Pat se souvint de ce type à New York qui paradait sur la 5e Avenue avec des pancartes citant les Ecritures à propos du devoir de la femme d'obéir à son mari. Il était inoffensif. Tout comme son correspondant. Elle refusait d'y attacher plus d'importance. Elle apporta un plateau dans la bibliothèque et avala son dîner tout en parcourant les dossiers d'Abigail. Son admiration pour le sénateur s'accrut au fur à mesure de sa lecture. Abigail Jennings disait vrai lorsqu'elle affirmait être mariée avec son travail. Ses électeurs forment toute sa famille, pensa-t-elle. Pat avait rendez-vous avec Pelham au studio dans la matinée. A minuit, elle monta se coucher. Un cabinet de toilette et une salle de bains étaient attenants à la chambre principale. Les meubles Chippendale décorés d'une fine marqueterie en bois fruitier avaient tout de suite trouvé leur place. Il était évident qu'ils avaient été achetés pour cette maison. Le chiffonnier s'encastrait entre les penderies ; la coiffeuse allait parfaitement bien dans l'alcôve ; le lit avec sa tête délicatement sculptée contre le grand mur, face aux fenêtres. Veronica avait expédié un sommier et un matelas neufs et le lit était, à présent, merveilleusement confortable. Mais les allées et venues au sous-sol pour nettoyer les classeurs avaient mis la jambe de Pat à rude épreuve. Les élancements étaient plus aigus que d'habitude, et bien qu'elle fût exténuée, elle avait du mal à s'endormir. Pense à quelque chose d'agréable, se dit-elle tout en se tournant et se retournant sur le côté. Puis, dans le noir, elle eut un sourire contraint. Elle allait penser à Sam. Les bureaux et le studio du Câble du Potomac se trouvaient à quelques pas de Farragut Square. Au moment où elle arrivait, Pat se rappela ce que le directeur de l'information à Boston lui avait dit : «N'hésitez pas à accepter cette proposition, Pat. Travailler pour Luther Pelham est une chance qui n'arrive qu'une fois. Lorsqu'il a quitté CBS pour Potomac, ce fut le grand chamboulement dans la profession.» (à suivre...)