Deuxième étape n Le convoi reprend la route vers Djelfa. Au bout de quelques heures de piste, on rejoint la Route nationale. Le paysage semi-aride est ponctué de verdure. En face, une chaîne de montagnes. L?espace prend une signification naturelle. A perte de vue, tour à tour des étendues de roches, de terres fertiles s?offrent à nous. Le nord se perd dans les méandres du souvenir. Le royaume du désert annonce la couleur. Puis des changements radicaux apparaissent : un relief accidenté, des centaines d?hectares de roches, des collines. Par endroits, la nature garde son air «civilisé» ; coquette, elle ressemble aux contrées du Tell. Le long de cette route qui s?étire sur des centaines de kilomètres, la nature change de tenue, de coiffure. C?est un défilé de mode avec de multiples formes et couleurs. Les forages du Hcds, qui fonctionnent à l?énergie solaire, ponctuent la route. Un beau mariage du progrès et de la nature prend forme au fur et mesure qu?on avance. Une source thermale, au village de Segvia, avait spontanément inondé la chaussée, il y a une année ; des gens sont venus de partout, dressant tentes et caravanes. Les autorités ont creusé mille mètres pour réguler la pression. «J?espère qu?il y aura des investissements, car les gens disent que cette eau a beaucoup de bienfaits», explique Nabil. A un détour de la route se révèle un immense lac reflétant des zones argentées. Intrigué par l?existence d?un tel lac, non répertorié par les cartographes, on en demande l?origine à Nabil, qui éclate de rire. «C?est essebkha : un mirage», explique-t-il. La région, plate et riche en sel, donne l?illusion d?une étendue d?eau. Ces mirages créent ainsi l?enchantement du voyageur désabusé par la route. La nature révèle son sens de l?humour. On traverse Hassi Bahbah. Beau lycée à l?architecture moderne. Plus loin, la nouvelle prison de Aïn Oussera pousse ses dents lentement, mais sûrement. Le téléphone n?a pas cessé de sonner. Le chauffeur, le seul à capter le réseau Mobilis, devient de fait le standardiste du jour. A chaque fois, il klaxonne, remettant le portable au chef de département. «C?est le patron, il demande les raisons de notre retard», explique Nabil. Il fera le guide, expliquant le moindre recoin, étalant du coup, son baground routier.