Hommage n Le 20e anniversaire du décès du grand dramaturge et ténor Mahieddine Bachtarzi a été commémoré jeudi au Théâtre national. Cette cérémonie a été initiée par l'association El-Djazaïr El-Assima. «Nous voulons, à travers cet hommage, faire mieux connaître le parcours exceptionnel de ce grand homme de culture qui a consacré sa vie au théâtre et à la musique», a indiqué Rachid Belhocine, président de l'association, soulignant que le rôle de son association «est de perpétuer la mémoire des personnalités ayant marqué la culture nationale». Le président de l'association a suggéré, par ailleurs, la création d'une fondation Bachtarzi qui aura pour mission de faire des recherches et de promouvoir ses travaux. Le programme tracé par l'association a prévu une exposition de documents et photos suivie d'une conférence animée par le musicologue Nasr-Eddine Baghdadi sur la vie et l'œuvre du maître Mahieddine Bachtarzi. Le conférencier s'est, par ailleurs, étalé sur la personnalité de Bachtarzi : «C'est une personnalité plurielle. C'est un homme qui a touché à tous les domaines. Il a laissé une empreinte et dans la musique, où il a enregistré de nombreux disques, et dans le théâtre et même dans le cinéma, avec Sérénade à Merijem (1945), Kenzi (1946) et bien plus tard, après l'indépendance L'Opium et le bâton et Hassen Terro.» Mais sa renommée, il la doit au théâtre. Mahiedine Bachtarzi, grâce à sa pertinence et son rapport avec le public, opte pour un théâtre populaire. «Il a utilisé le dialecte algérien dans les représentations théâtrales, ce qui a valu à ses pièces un énorme succès. Mais c'est aussi parce qu'il a introduit sur scène l'élément féminin.» En effet, avant Bachtarzi, le personnage de la femme était interprété par des hommes, mais, plus tard, ce dernier a révolutionné le théâtre algérien en encourageant la femme à monter sur les planches. Et de préciser que Bachtarzi, à l'esprit ouvert, était un militant politique et ce, à travers ses pièces qui critiquaient l'administration coloniale. Cet engagement lui a valu l'interdiction de faire du théâtre. Mahieddine Bachtarzi laissa les planches orphelines, réduites au silence, et ce n'est qu'à l'indépendance qu'il revint au 4e art. Les activités se sont poursuivies avec une soirée artistique avec au menu une ouverture musicale par la troupe de l'association El-DjaZira, un extrait de Slimane Elouk, une pièce écrite par le défunt homme de théâtre et mise en scène par Abdelaziz Guerda, ainsi qu'un bouquet de chansons interprétées par Samir Toumi, Nadia Benyoucef, Mourad Djaâfri et Mohamed Lamari. Le spectacle a été clôturé par des morceaux interprétés par la troupe musicale de l'association El-Mossilia, sous la direction de Nacer Benmerabet. l Né à Alger le 15 décembre 1897, Mahieddine Bachtarzi a suivi des études coraniques à la Medersa libre de cheikh Ben Osman, à l'issue desquelles il devient chantre à la grande mosquée d'Alger, à l'âge de 14 ans. Doté d'une voix chaude et suave, il fait son entrée dans la scène artistique en intégrant l'école de musique El Moutribia, où il sera nommé président, sans pour autant oublier d'assumer son rôle de Bach Hazzab. Après un périple de 12 ans à travers l'Europe, avec la troupe El Moutribia, il devient, en 1928, professeur de musique au Conservatoire municipal d'Alger. Ayant composé quelque 400 œuvres musicales, il est admis en 1931 comme membre de la société des auteurs-compositeurs de musique de Paris tout comme il reçoit la distinction marocaine de 5e chevalier du Ouissam en 1926 et de commandeur du mérite humain décerné par les autorités suisses pour sa contribution et le rôle qu'il a joué pour faire connaître la culture et la musique algériennes. Parallèlement à la musique, il s'investit dans le théâtre populaire plus accessible en recourant aux pièces composées par Allalou et Rachid Ksentini, puis dès 1931, en collaboration avec Mohamed El-Hamel, il écrit Djeha et l'usurier et en 1932 entame sa première tournée à travers le pays. À l'indépendance du pays, Mahieddine Bachtarzi est nommé directeur du Conservatoire d'Alger. Le dramaturge, qui compte l'adaptation de quelques pièces universelles, notamment L'Avare et Le malade imaginaire de Molière, décède le 6 février 1986 à Alger, à l'âge de 88 ans. Le 21 mai 1992, il est honoré, à titre posthume, de la médaille de l'Ordre du mérite national.