Demain s'ouvre, à Alger, la 1re édition internationale du Salon du livre de jeunesse. Une opportunité pour se pencher sur le produit algérien qui, quantitativement et qualitativement, est très loin de satisfaire la demande. Le livre de contes algérien draine avec lui les tares de ses concepteurs. Une foule d'anomalies s'incruste dans chaque livre. Curieusement, le conte du terroir est quasiment absent des rayons pour enfant. Souvent, les maisons d'édition offrent un choix limité d'histoires, qui sont relativement les mêmes : Cendrillon, Blanche-Neige et les sept nains… En somme aucun travail de recherche, de créativité pour offrir un livre digne de ce nom. Les maisons d'édition optent dans leur majorité pour la facilité. Des reproductions d'histoires universelles. Cependant, même à ce stade de reproduction, les anomalies sont légion. A commencer par l'identité du livre. La plupart n'ont pas de numéro Isbn de dépôt légal. Des histoires complètement chamboulées — le cas de Heïdi, qui devient subitement Oranaise ! Aucune recherche sur les vêtements, la plupart des éditeurs se contentent de reproduire les vêtements du Moyen-Age européen, faisant fi, des questions élémentaires de l'identité de l'enfant, négligeant des éléments comme la croix que portent les personnages dans beaucoup d'histoires. Fautes d'orthographe et de construction dans la majorité des livres, qui sont pourtant censés faire naître l'amour de la langue chez l'enfant. Sur cette question, les éditeurs et leurs correcteurs doivent reprendre le chemin de l'école primaire. De belles histoires telles que Cendrillon ou La petite Sirène sont incomplètes laissant à l'enfant un goût d'inachevé. Ce constat n'est pas exagéré, car il s'applique à un grand nombre d'ouvrages pour enfants. D'autres maladresses, encore plus graves, se greffent dans le sillage de la production nationale. La plupart des livres de contes ne dépassent pas les 10 pages texte et illustration compris. Ce choix ne s'explique pas seulement pour des raisons pédagogiques, mais les éditeurs se plient aux exigences économiques et ce, au détriment de la qualité. Le choix des couleurs n'obéit à aucune logique artistique. En parcourant ces ouvrages, on découvre la dominance du gris, du noir et d'autres mélanges de couleurs non encore répertoriées par les instances concernées. L'amateurisme des illustrateurs est flagrant. A contrario, lorsque les illustrations sont belles, elles n'offrent aucune harmonie avec le texte. Chacun tire de son côté, révélant le manque de coordination dans la conception du livre. Quant aux maquettes, elles sont effroyablement repoussantes. Ce ne sont là que quelques anomalies relevées, car à toutes les énumérer prendrait tout un journal.