Illustratif n Ce Salon donne un large et significatif aperçu de ce que peut être le marché du livre pour enfant et donc de l'édition de jeunesse en Algérie. Le Salon international du livre de jeunesse, inauguré mercredi dernier, continue certes à connaître l'afflux du public, mais pas tel qu'escompté par les exposants, qui attribuent ce manque d'engouement à une médiatisation insuffisante. C'est peut-être vrai, mais d'autres facteurs sont également à prendre en compte. D'abord, la première remarque que l'on peut faire est l'absence d'un choix de produits livresques qui pourrait intéresser le consommateur. Ainsi, les devantures accusent un déficit dans la diversité des livres, ce qui décourage à coup sûr l'enfant. «Il n'y a pas vraiment un grand choix», s'exclame une mère de famille. Accompagnée de ses deux enfants, elle estime que «certes l'initiative est fort louable, mais il n'y a rien qui puisse susciter l'intérêt de mes enfants. D'ailleurs en sillonnant les stands, on n'a trouvé aucune nouveauté qui réponde à leur goût. Ce que l'on trouve dans ce salon est déjà, depuis quelque temps, en librairies.» Une autre voix déplore également le manque de variété dans les produits livresques. «Ce salon ressemble plus à une manifestation locale qu'à un réel salon international. Je ne vois pas de stands représentant des éditeurs étrangers, notamment les professionnels français.» Effectivement, les éditeurs étrangers, notamment français, sont représentés par des sociétés d'importation de livre ou des éditeurs locaux, ou encore par des librairies, à l'exemple de Gallimard Jeunesse qui est représenté par la librairie El-Kitabi. Peut-on parler d'un Salon international alors que la plupart des participants étrangers ne sont que représentés ? En outre, ce Salon n'offre pas à l'enfant un espace de loisir ni de découverte. Il revêt les allures d'un marché ou d'une librairie. Cette première édition du Salon du livre donne un large et significatif aperçu de ce que peut être le marché du livre pour enfant, et donc de l'édition de jeunesse en Algérie. Un créneau inexploité et que l'on peut qualifier de pauvre. A ce sujet, Mohamed-Tahar Guerfi, éditeur et président du Snel, estime que, malgré les efforts de certains professionnels du livre pour s'investir dans le domaine de l'enfant, ce secteur reste, en raison du manque d'expérience en la matière, très faible. «Il y a quelques éditeurs qui se sont spécialisés dans le livre pour enfant, mais cela demeure insuffisant», a-t-il affirmé. L'édition de jeunesse n'a donc pas d'assise et souffre d'un manque flagrant d'expérience : comment concevoir un livre (au plan de la qualité) en compatibilité avec les besoins de l'enfant ? Cette carence apparaît dans le produit livresque lui-même, à savoir la qualité qui laisse à désirer. Accusant un lourd et énorme déficit au plan de l'esthétique, l'ouvrage ne provoque chez l'enfant aucun attrait ni curiosité intellectuelle, même si le contenu reste, dans l'ensemble, convenable. «Ce genre de livres bloque l'imagination de l'enfant», estime un visiteur, ajoutant : «Ce sont des livres qui ne sont agréables ni au regard ni au toucher». - A côté des livres, d'autres produits issus des nouvelles technologies (multimédias), destinés aux enfants, sont exposés dans ce salon. Des produits didactiques et éducatifs. Interrogé sur ce salon, Mabrouk Guidoum, directeur de Zed Média, une société représentant l'entreprise Aris Computer, installée dans une grande partie du monde, dira que «c'est une rencontre qui aide mieux à connaître nos produits», ajoutant que son entreprise occupe une bonne part du marché algérien, «un marché en pleine expansion, puisqu'il y a une demande et qu'un grand nombre de foyers algériens sont équipés d'outils informatiques. En outre, le multimédia est un outil qui intéresse de plus en plus d'enfants». Toutefois, ce marché est affecté par le phénomène du piratage. «Notre équipe de professionnels travaille dans le développement des produits du multimédia», dit-il, mais «on est confronté au piratage, cela décourage énormément les professionnels de travailler sur des logiciels. Il y a cependant une loi allant à l'encontre d'une telle pratique, mais qui n'est pas appliquée ; et tant qu'elle ne le sera pas, le marché algérien ne connaîtra pas un grand développement».