Résumé de la 22e partie n Après l'Allemagne, c'est l'Angleterre qui a fourni des vampires modernes. John Haigh est le plus célèbre. Il est né au début du siècle, à Stamford, dans une famille catholique pauvre, mais animée d'une foi fervente, à la limite du fanatisme. L'enfant grandira entouré de crucifix et d'images de la Vierge Marie et de Saints. Le père est président d'une secte qui prône le salut par la repentance et l'exercice religieux. La mère, sans instruction, est entièrement soumise à son époux et se fait l'écho fidèle de ses enseignements. «Nous sommes pauvres, mais Dieu nous a donné la foi ! Une foi qui nous sauvera dans l'au-delà et nous conduira au Royaume des Elus !» Alors, qu'importe si le petit John a faim ou n'a pas de chaussures ? L'essentiel n'est-il pas qu'il ait la foi ! Et lorsque, révolté par les privations, il proteste ou demande quelque chose qu'on ne peut lui offrir, on lui ordonne de se mettre à genoux devant un crucifix. «Demande vite pardon à Dieu, avant qu'il ne t'arrache ta vilaine âme !» A sept ans, John n'est pas un enfant brillant, mais il essaye de toutes ses forces de s'accrocher. Son père, occupé à diriger sa secte, ne s'occupe pas de lui, mais sa mère tient à ce qu'il fasse des études. «Avec un diplôme, lui répète-t-elle, tu pourras trouver du travail dans un bureau, tu ne connaîtras pas la misère et l'humiliation !» Il s'applique donc et, chaque soir après l'école, il s'installe dans la cuisine et, étalant ses cahiers et ses livres sur la table, il fait ses devoirs. Un soir, alors qu'il est ainsi occupé, la porte de la maison s'ouvre avec un tel bruit que le petit sursaute. Il est effrayé en entendant la voix de son père. Une voix de brute qui l'a toujours terrorisé ! Avant qu'il n'ait le temps de s'enfuir, l'homme surgit et le saisit par le col. «Malheureux ! Ton confesseur m'a appris que tu ne t'es pas confessé cette semaine ? Quel péché as-tu commis pour refuser de te rendre au confessionnel ? — Je n'ai rien fait de mal ! souffle le garçonnet. — Alors tu t'es laissé distraire ? Ne sais-tu pas que la distraction des devoirs religieux est un péché mortel ? Il le secoue durement. Ne recommence jamais !» Il le lâche puis se penche vers lui et lui montre son front : «Tu vois cette marque que j'ai ? Eh bien c'est parce que j'ai commis un péché grave qu'elle m'a été infligée ! Si un jour, toi aussi tu pèches, Dieu t'en donnera une. Alors je le saurai et je t'étranglerai ! De ces mains !» Il montre ses mains : des mains velues aux doigts puissants, des mains d'assassin. En tout cas, le petit John ne manquera plus à ses exercices religieux. Il va passer toute son enfance et son adolescence à prier et à demander pardon pour des «péchés» qu'il n'a pas encore commis. (à suivre...)