Expérience n «Il serait intéressant de provoquer de la pluie à Tindouf pour avoir une végétation luxuriante et, ainsi, piéger le sable». C'est ce qu'a proposé hier, Mohamed-Hocine Affane, ancien météo-prévisionniste et membre de l'association culturelle et écologique Ahmed-Reguibi de Tindouf en marge de la rencontre nationale sur «La société civile, partenaire efficace pour la protection de l'environnement» qui a été organisée, par la Fédération nationale de la protection de l'environnement, à la Mutuelle des matériaux de construction de Zéralda (Alger). M. Affane, 30 ans d'expérience dans l'observation météorologique dans la région de Tindouf, estime que sa proposition serait bénéfique en automne et en hiver pour avoir de la végétation. «Cette année on a eu beaucoup de précipitations dans la région de Tindouf, donc il y a eu des millions de tonnes de sable qui ont été piégées par les petits arbustes qui ont poussé», a-t-il ajouté. «Et si on provoquait la pluie en septembre puis en décembre, ce serait suffisant pour avoir une poussée conséquente de végétation», a-t-il poursuivi. Mais cela demanderait des moyens selon M. Affane : un avion, des stations radio mobiles et des moyens de transmission à côté des moyens dont dispose l'Office national de la météorologie (matériel nécessaire et photos satellite). Le météorologiste pense qu'il vaut mieux provoquer des pluies que de faire 800 km entre Béchar et Tindouf avec la difficulté du contrôle du barrage vert. La provocation des pluies devra se faire, selon lui, par étapes et par la création d'un microclimat dans la zone de Tindouf spécifiée par un climat humide particulier et différent des autres régions d'après la direction des vents. M. Affane rappellera, cependant, qu'en 1936 les météorologistes français avaient enregistré une température de 57,7o à Tindouf croyant que c'était la fin du monde. Mais après consultation des documents après l'indépendance, Affane a trouvé qu'il s'agissait d'un terrain ferreux noir qui avait absorbé la chaleur à la suite d'un vent du Sud trop fort. Il conclut enfin que sa région peut également enregistrer une température minimale avec un vent d'ouest en plein été, notamment en juillet ou en août ! Pour en revenir à la rencontre initiée par la Fédération nationale de la protection de l'environnement (Fnpe), il y a lieu de signaler qu'elle a vu la participation des différentes associations activant dans le domaine de l'environnement ainsi que des associations du monde arabe (association Nour pour le développement du Maghreb, Ouz Chouf du Liban, l'Association arabe pour la protection de la nature de Jordanie et l'association Essalem Akhdar de Palestine). L'association jeunesse Europe-Méditerranée de France a également pris part à cette rencontre pour exposer ses expériences. Le secrétaire général de la Fnpe, M. Malha, qui a précisé que cette rencontre «entre dans le cadre de l'Année des déserts et de désertification», a insisté sur la nécessité de l'adhésion de la société civile pour mieux gérer la protection de l'environnement, en lançant un appel pour que sa fédération soit aidée et soutenue pour la protection de la nature, l'environnement et le développement durable. l Le ministre délégué chargé de la Ville, Abderrachid Boukerzaza, a affirmé, dans son intervention lors de cette rencontre, que «plusieurs problèmes environnementaux requièrent une prise en charge adéquate, à l'instar de la désertification et de la sécheresse outre les problèmes socio-économiques telles l'exclusion, la marginalisation et la pauvreté». Faisant le point sur les efforts déployés par l'Algérie pour la préservation de l'environnement dans le cadre du développement durable, M. Boukerzaza a mis l'accent sur l'importance de «conjuguer les efforts aux niveaux régional et international en vue de lutter efficacement contre la désertification et la pauvreté à travers l'élaboration de programmes à même de protéger l'environnement et créer un équilibre socio-économique notamment dans le continent africain». Le ministre a également appelé à «asseoir une culture de l'environnement ainsi qu'à relancer les projets de ceintures vertes notamment dans les régions du Sud» tout en mettant en relief la nécessaire implication des citoyens et de la société civile «en vue de d'améliorer la situation environnementale et de réaliser le développement durable».