Résumé de la 98e partie n La vieille perfide Mère-des-Calamités a conçu une mise en scène diabolique. Le but de ce stratagème est d'approcher Scharkân et de se venger. Elle dit : cela dit, la figure du vieillard triste s'effaça à nos yeux. «Alors immédiatement, sans hésiter, nous emballâmes tout ce qui nous restait de marchandises et tout ce que nous avions acheté dans le pays des Roum, et nous sortîmes de Constantinia. Et, en effet, au bout de trois journées de marche, nous trouvâmes le monastère en question, au milieu d'un village. Alors, pour ne pas éveiller l'attention sur nos projets, nous déballâmes une partie de nos marchandises sur la place publique du village, selon la coutume des marchands, et nous nous mîmes ainsi à vendre jusqu'à la tombée de la nuit. Alors, à la faveur des ténèbres, nous nous glissâmes dans le monastère et nous bâillonnâmes le moine portier ; et nous pénétrâmes dans le souterrain. Et, comme nous l'avait dit l'apparition, nous trouvâmes le saint ascète Abdallah, qui est maintenant là dans une de nos caisses, ô roi, et que nous allons amener entre tes mains.» Et, ayant enseigné ces paroles à ses compagnons, la vieille Mère-des-Calamités, déguisée en ascète, ajouta : «Et alors, moi, je me chargerai de l'extermination de tous ces musulmans !» Lorsque la vieille eut fini de parler, ses compagnons répondirent par l'ouïe et l'obéissance et se mirent à la fouetter jusqu'au sang, puis l'enfermèrent dans une caisse qu'ils placèrent sur le dos d'un mulet et se mirent en route pour mettre à exécution le plan de cette perfide. Mais pour ce qui est de l'armée victorieuse des croyants, après la déroute des chrétiens, elle se partagea le butin et glorifia Allah pour ses bienfaits. Ensuite Daoul'makân et Scharkân se tendirent la main pour se féliciter et s'embrassèrent, et Scharkân, dans sa joie, dit à Daoul'makân : «O mon frère, je souhaite qu'Allah t'accorde de ton épouse enceinte un enfant mâle, afin que je puisse le marier à ma fillette Force-du-Destin !» Et ils ne cessèrent de se réjouir ensemble jusqu'à ce que le vizir Dandân leur eût dit : «O rois, il est sage et tout indiqué que, sans perdre de temps, nous nous mettions à la poursuite des vaincus et que, sans leur donner le temps de se reprendre, nous allions les assiéger dans Constantinia, et les exterminer totalement de la surface de la terre. Car, comme dit le poète : ”Le pur délice des délices est de tuer de sa main les ennemis et de se sentir emporté sur un coursier fougueux. Le pur délice est l'arrivée d'un messager de la bien-aimée vous annonçant l'arrivée de la bien-aimée. Mais le plus pur délice des délices n'est-ce point l'arrivée de la bien-aimée avant même l'arrivée du messager ?Et puis, ô délice de tuer de sa main les ennemis, et de se sentir emporté sur un coursier fougueux !”» Lorsque le vizir Dandân eût récité ces vers, les deux rois agréèrent son avis et donnèrent le signal du départ pour Constantinia. Et toute l'armée se mit en marche, avec ses chefs en tête. Et l'on marcha sans répit, et l'on traversa de grandes plaines brûlées où ne poussait d'autre végétation qu'une herbe jaune disséminée dans ces solitudes habitées seulement par la présence d'Allah. Et au bout de six jours de cette marche harassante, dans ces déserts sans eau, ils finirent par arriver dans un pays qui bénissait le Créateur. (à suivre...)