Le président du FCE M. Réda Hamiani a indiqué qu'“il n'est pas question de jeter ce blé à la mer ; il n'est pas question aussi de bouder la production nationale”. Une tempête dans un verre d'eau, le bras de fer entre l'Office algérien interprofessionnel des céréales et les transformateurs aurait pu trouver sa solution, comme ça se fait partout dans le monde, dans le cadre de la relation qui lie un fournisseur et son client. Il a fallu attendre la bonne initiative du ministre de l'Agriculture pour que toutes les parties intervenant dans cette filière stratégique s'assoient autour de la table et discutent sereinement pour trouver des solutions qui puissent contenter tout le monde. “Le résultat est positif” a indiqué jeudi le président du Forum des chefs d'entreprise, lors d'une conférence de presse organisée au siège de l'organisation patronale, à Chéraga (Alger), en présence de Carins transformateurs. La réactivation du comité interprofessionnel, institué en 2002, semble satisfaire, du moins pour le moment, le Forum des chefs d'entreprise. “L'OAIC n'a jamais eu de réunion professionnelle avec ses clients”, s'est étonné M. Hamiani. Comme pour remettre les pendules à l'heure, M. Réda Hamiani indique “qu'il n'est pas question de jeter ce blé à la mer, il n'est pas question aussi de bouder la production nationale”. Les transformateurs sont prêts à reprendre les stocks excédentaires de blé de l'Office national interprofessionnel des céréales. Les transformateurs ont exprimé leur disponibilité pour négocier avec l'OAIC, pour voir, des deux côtés, les efforts à faire, surtout sur le plan de la qualité. Plus explicite, le président du Forum des chefs d'entreprise a exprimé son souhait de trouver une issue avec l'OAIC qui, de son côté, “doit faire des efforts sur le plan qualité”. M. Hamiani affirme avoir expliqué au ministre de l'Agriculture pourquoi après avoir été approvisionnés par l'OAIC, pendant une bonne période, les minotiers se sont mis à importer. Le président du Forum des chefs d'entreprise a avancé trois raisons. La première est l'exigence de qualité qui correspond à une évolution du marché. Le consommateur algérien est devenu exigeant. Malheureusement, l'OAIC, dans le compartiment du blé importé et dans la production locale, le souci de la qualité n'a pas satisfait les transformateurs. La deuxième raison, depuis 2003, il a été décidé d'approvisionner les minotiers à hauteur de 50% de leur capacité installée. En réalité, les meuniers ne reçoivent que 35 à 40%. Ils ont recouru à l'importation pour combler le reste et atteindre le seuil de la rentabilité. La troisième raison avancée par Hamiani est l'objectif d'exportations, d'autant que l'Algérie dispose de capacités excédentaires de transformation, estimées actuellement à 300% des besoins. Au lieu d'encourager l'initiative dans un pays dont les exportations hors hydrocarbures sont insignifiantes, à peine un milliard de dollars, le gouvernement interdit l'exportation des pâtes et du couscous, sous prétexte qu'ils sont produits à base de blé subventionné, ce que les exportateurs démentent. “On ne comprend pas le bien-fondé de la politique actuelle”, s'étonne le président du Forum des chefs d'entreprise, rejetant l'argument du ministre du Commerce qui affirme que l'Etat n'a aucun moyen pour faire la distinction entre les transformateurs qui importent leurs intrants et ceux qui s'approvisionnent localement en blé subventionné. “C'est se moquer du monde. La traçabilité des opérations d'importation existe avec la CNIS. L'argument n'est pas convaincant. On a tué dans l'œuf toute tentative d'exportation”, regrette M. Hamiani, expliquant que les exportateurs de pâtes et de couscous ont mis plusieurs années pour conquérir des marchés très exigeants en matière de qualité. Si le président du FCE a dénoncé ce qui s'apparente à une mesure qui n'a pas de logique économique, il a exprimé sa solidarité avec la politique agricole mise en œuvre par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural. “Nous assistons à un renouveau agricole qui commence à montrer les signes évidents de réussite”, a estimé M. Hamiani, précisant que “le ministre a conduit avec succès une politique sectorielle. Nous sommes partisans de cette analyse et de cette méthode de travail d'autant qu'elle regroupe dans un esprit de concertation tous les acteurs”.