Résumé de la 68e partie n Sam Kingsley s'inquiète pour Pat et lui propose de venir habiter son immeuble, mais elle refuse. Elle sollicite l'aide de Toby pour des précisions concernant les films qu'elle a visionnés. En attendant Toby, Pat avait parcouru les articles de presse relatant le procès d'Eleanor Brown. L'affaire semblait presque trop simple. Eleanor disait que Toby lui avait téléphoné pour lui demander de se rendre au bureau du comité électoral. On avait retrouvé cinq mille dollars dans sa cave au sous-sol de son immeuble. «Selon vous, comment Eleanor Brown espérait-elle faire avaler une histoire aussi peu convaincante ?» demanda Pat à Toby. Toby s'appuya au dossier de son fauteuil en cuir, croisa ses grosses jambes l'une sur l'autre et haussa les épaules. Pat remarqua le cigare dans la poche de poitrine de sa veste. A contrecœur, elle l'invita à fumer. Un sourire radieux couvrit son gros visage joufflu d'une succession de plis. «Merci beaucoup. Le sénateur ne supporte pas l'odeur du cigare. Je n'ose pas tirer une seule bouffée dans la voiture, même si je l'attends pendant longtemps.» Il alluma le cigare et fuma par petits coups avec un plaisir non dissimulé. «Parlons d'Eleanor Brown», proposa Pat. Elle posa les coudes sur ses genoux, le menton dans ses mains. «A mon avis, confia Toby, Eleanor a pensé qu'on mettrait un certain temps avant de s'apercevoir de la disparition de l'argent. Ils ont renforcé le règlement depuis, mais à cette époque, on gardait souvent un paquet de fric dans le coffre-fort du bureau du comité électoral pendant deux semaines et même plus longtemps parfois. — Mais soixante-quinze mille dollars en liquide ? — Mademoiselle Traymore... Pat, vous n'ignorez pas que la plupart des sociétés financent les deux partis... Elles veulent s'assurer de se trouver du côté du gagnant. Bien sûr, vous ne pouvez pas refiler du liquide de main en main à un sénateur dans son bureau. C'est interdit par la loi. Alors, le gros bonnet s'arrange pour rendre visite au sénateur et lui faire comprendre qu'il a l'intention de faire une donation importante ; en suite il va faire un tour au Capitole avec le bras droit du sénateur, et il lui remet le fric. Le sénateur n'y touche pas, mais il est au courant. L'argent est directement versé aux fonds électoraux. Seulement, comme il s'agit de liquide, si le candidat adverse est élu, les choses se compliquent. Vous voyez ce que je veux dire ? — Je comprends. — Ne vous méprenez pas. C'est légal. Mais Phil avait reçu des dons importants en faveur d'Abigail, et bien sûr Eleanor était au courant. Peut-être qu'elle avait un petit ami qui voulait simplement emprunter l'argent pour faire une affaire. Quand elle a vu qu'ils voulaient le récupérer aussi vite, elle a dû inventer une excuse. — Elle me semble incapable de telles subtilités, fit remarquer Pat en se rappelant la photo dans l'album annuel de l'école. — Eh bien, comme l'a dit le procureur, «méfiez-vous de l'eau qui dort.» Je ne veux pas vous presser, Pat, mais le sénateur va avoir besoin de moi. — Il ne reste qu'une ou deux questions.» Le téléphone sonna. «Je ne serai pas longue.» Pat souleva l'appareil. «Pat Traymore. — Comment allez-vous, ma chère ?» Elle reconnut sur le-champ la voix bien posée, excessivement bien élevée. (à suivre...)