Mesures n Les pays musulmans, longtemps préoccupés par le conflit israélo-palestinien, la guerre en Irak ou la place de l'Islam dans le monde, se réunissent jusqu'à mercredi à Bakou sur le thème de l'islamophobie. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les musulmans sont devenus la cible de l'Occident. Outre les attaques contre des mosquées et les caricatures du prophète Mohamed (QSSSL), les musulmans sont devenus une «source de danger» aux yeux de certains gouvernements occidentaux. Pour réagir à ce phénomène qui «se développe en Europe main dans la main avec la montée en puissance de tendances politiques racistes d'extrême-droite», l'Organisation de la conférence islamique (OCI) a voulu prendre la mesure. Selon un document interne soumis à l'approbation des pays de l'OCI à la réunion de Bakou, «le phénomène (de l'islamophobie) s'est répandu dans les sphères d'importance de l'information, l'éducation et l'art, qui sont des terreaux fertiles pour la dissémination d'une hostilité ouverte à l'égard de l'Islam». Le chef de l'OCI, Ekmeleddin Ihsanoglu y décrit une «peur pathologique» de la religion musulmane basée sur des «cas d'ignorance totale de l'Islam» relayés dans l'opinion publique en Occident sur fond de «rivalités entre islam et chrétienté» depuis l'expansion de la foi musulmane au VIIe siècle. Fustigeant tour à tour les «intellectuels» qui prophétisent sur l'«inévitable choc des civilisations» et le passif «colonialiste» de plusieurs pays occidentaux, le secrétaire général s'inquiète de la «montée de l'extrême-droite en Europe». Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a donné le ton dès l'ouverture de la réunion en critiquant «les pays (qui) ont tenté de comparer Islam et terrorisme». «Nous ne pouvons pas accepter cela», a-t-il martelé. De son côté, le chef de la diplomatie yéménite, Aboubaker Al-Kerbi, a appelé les pays musulmans à «se défendre contre ces attaques» et à «montrer la vraie nature de l'Islam : la tolérance». Pour sa part, un responsable de la délégation libanaise a estimé qu'«on ne doit pas faire d'amalgame entre le terrorisme que nous condamnons et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes». Pour endiguer l'islamophobie, le secrétaire général de l'OCI a proposé aux pays membres d'adopter une série de mesures : mobilisation des ONG musulmanes travaillant en Europe et renforcement de la coopération avec le Conseil de l'Europe et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (Osce) et la nécessité d'une «nouvelle stratégie média» pour montrer la «vraie image de l'Islam». Il prône également un dialogue accru avec les partis politiques, les décideurs et les ONG pour influer sur le contenu des programmes scolaires qui véhiculent, selon lui, une «image déformée» de l'Islam qui «passe de génération en génération».