Constat n «Si tous les citoyens payent leur consommation, nous n'aurons pas besoin d'augmenter le prix de l'eau de manière considérable.» C'est ce qu'a affirmé, hier, Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, en visite dans la wilaya de Tizi Ouzou. Invité par l'Assemblée populaire de wilaya pour assister à l'ouverture des deux journées d'étude sur «la qualité, les potentialités hydriques et les retenues collinaires», M. Sellal a rappelé que l'Algérienne des eaux (ADE) enregistre d'énormes pertes commerciales en raison, notamment, de branchements et forages illicites. Selon le ministre sur les 1 541 communes du pays, il y en a 830 où les habitants ne payent pas leur consommation en eau ou ne payent que 1 000 à 1 200 DA par an. Aussi, le montant de la nouvelle augmentation du prix de l'eau reste tributaire du comportement de ces populations qui causent à l'ADE des pertes commerciales évaluées entre 17 et 20%. Si le m3 d'eau est vendu par l'ADE à ses clients entre 17 et 18 DA, le coût réel est beaucoup plus élevé, explique M. Sellal, qui dira que dans les zones montagneuses, le mètre cube d'eau revient à 150 DA, il est de 48 DA pour le m3 d'eau dessalé et de 120 DA pour le transfert In Salah - Tamanrasset. Pour l'ADE la production d'un m3 d'eau coûte en moyenne 28 DA. La différence entre ce montant et le prix de vente (17 à 18 DA) est prise en charge par l'Etat. A ce propos, le ministre dira que «l'Etat maintient sa solidarité et fera un effort complémentaire en matière de reprises et d'amélioration du réseau d'AEP afin de le rendre le plus performant possible pour éviter les pertes physiques (fuites d'eau ndlr) et commerciales». C'est dans cette perspective qu'une enveloppe, estimée globalement à 1 milliard de dinars pour l'exercice 2007, est destinée principalement à la rénovation des réseaux. M. Sellal a estimé que le problème de l'alimentation en eau potable en Algérie, relève plutôt de la mobilisation de la ressource et de sa gestion par la suite. Aussi, c'est sur ces deux axes qu'est orientée la politique de son département qui projette de porter la quantité d'eau mobilisée, de 5,2 milliards de m3 à 7,5 milliards de m3 à l'horizon 2009 et ce, par la réalisation de nouveaux barrages. Il annoncera à cet effet, la réception de 7 barrages à la fin de l'année en cours alors que 5 autres ont été lancés ces derniers mois Les travaux du barrage de Koudiet Tassardount (Bouira), deuxième grand complexe hydraulique du pays et dont la capacité est de 750 millions de m3, avancent considérablement et la première phase (alimentation de la région sud de la wilaya de Tizi Ouzou) a été confiée à un groupement d'entreprises, a annoncé le ministre. L'autre grand projet est le transfert d'eau de In Salah vers Tamanrasset sur 750 km en double conduite et à travers 48 forages pour un coût de 1,2 milliard de dollars. Concernant enfin la gestion de l'eau, le ministre a soulevé un problème de coordination entre l'ADE, la direction de l'hydraulique et les services commerciaux. Ce problème constaté dans la wilaya de Tizi Ouzou et dans d'autres telles que Constantine, Annaba, Oran et Alger a amené le département de Sellal à confier la gestion de la ressource à des entreprises étrangères car, souligne le premier responsable du secteur, il y a un problème d'organisation et une nécessité de remise à niveau.