Résumé de la 1re partie n Les agresseurs sont connus des services de police ; ce sont des récidivistes notoires qui s'accusent mutuellement d'être derrière l'assassinat d'Isabelle. Au bout de quarante-huit heures de garde à vue, «le Clochard» avoue. Le sac bleu est à lui, il a d'abord nié que le sac lui appartenait puis, confronté au témoignage d'une commerçante du quartier, il l'a reconnu. Au fil des heures de la garde à vue, les procès-verbaux se succèdent, les aveux aussi. Il a commencé par vouloir voler dans la voiture, il a vu l'enfant et l'«envie» soudaine est venue. Il l'a tuée avec ce qu'il appelle un «putter» — on suppose qu'il s'agit d'un cutter. Ses propres vêtements étaient couverts de sang, il dit les avoir brûlés. Il avait beaucoup bu, comme les autres, tellement bu qu'il en a oublié son sac. Et puis, réflexion faite, il n'a pas brûlé ses vêtements, il les a cachés chez sa mère. Quant au «putter», il l'a planqué au-dessus de son armoire. Et puis finalement, ce sac bleu n'est pas à lui, il n'a pas tué la petite fille. Il nie ainsi tout en bloc et, quatre jours plus tard, devant l'avocat commis d'office, il prétend qu'on l'a frappé durant la garde à vue pour le faire avouer. Ce à quoi les enquêteurs répondent qu'il s'est lui-même jeté brutalement à terre, sans aucune raison. Et les autres ? Les trois autres, qui auraient assisté au viol et au crime, qui n'auraient rien fait pour sauver un bébé de trois ans des pattes du monstre qu'ils accusent et qui continuent de charger ? Ils se contredisent à souhait. Alors que l'on ne retrouve pas trace de l'arme du crime, pas de vêtements cachés ou brûlés, pas d'empreintes du «Clochard» dans la voiture où dormait l'enfant. Autrement dit, aucun élément matériel, mis à part le sac de sport bleu, ne vient étayer les accusations des trois autres et les propres aveux du «Clochard». Les aveux sont cependant suffisamment circonstanciés et logiques dans un premier temps pour que la conviction des enquêteurs s'établisse avec sérénité. Mais l'histoire de ce drame va se transformer en procès impossible. Hélas ! Car la justice se trouve devant quatre menteurs, quatre lâches, quatre voleurs, quatre dénonciateurs, et le principal accusé est à ce point débile qu'il ne comprend même pas le déroulement d'une affaire judiciaire qui le concerne. Premier procès impossible en 1992. «Le Clochard» s'y conduit comme un rustre, les coaccusés se rétractent sur certains points importants. «Kenzo», soudain, n'a pas réellement vu le viol et le crime, c'est ce qu'il prétend : il faisait noir, il a plutôt deviné que vu. Serait-ce parce qu'il se trouve dans l'incapacité de préciser les faits, ou parce qu'il est accusé de non-assistance à personne en danger ? Les trois accusateurs comparaissent d'ailleurs librement. Eux ne sont pas chargés d'un crime de sang... Et le doute s'installe dans la presse, au point qu'un journaliste va publier le témoignage d'un homme, petit ami de la sœur de l'accusé (ou ex-petit ami...), lequel prétend qu'il a formellement vu ce samedi soir, aux environs de dix-neuf heures, «le Clochard» chez sa mère, et qu'il était malade. «J'ai rencontré sa mère au supermarché, elle lui a acheté un médicament, je l'ai raccompagnée pour l'aider à porter ses paquets, "il" nous a ouvert, une écharpe autour du cou, il a même voulu transporter un sac de pommes de terre pour nous aider.» (à suivre...)