Pressions n Près de 200 000 étudiants sont aujourd'hui concernés par le boycott des examens. Le boycott des deuxièmes EMD de l'année en cours a été initié par les enseignants en réponse «au refus du ministère d'ouvrir un dialogue avec le Cnes». Outre les conséquences désastreuses sur l'avenir de milliers d'étudiants, le boycott des examens, s'il continue, ne risque-t-il pas de mener le ministère de tutelle à décréter «année blanche» ? A l'université de Béjaïa, fréquentée par pas moins de 23 000 étudiants encadrés par 500 enseignants, 180 sont toujours en grève. Pour Kamel Aïssat, «l'importance du mouvement ne réside pas dans les chiffres, mais dans sa capacité de nuisance». Au campus de Aboudaou (sciences sociales), sur 14 500 étudiants, seuls ceux du département d'anglais ont passé leurs examens ; à Targua Ouzemmour (sciences de la nature et sciences de l'ingénieur), les étudiants en tronc commun n'ont passé aucun examen. «Concernant le département des spécialités, aucune délibération n'est affichée puisque les étudiants n'ont pas passé tous les examens», a expliqué M. Aïssat. Le département d'électrotechnique connaît la même situation. Pour organiser les examens, l'administration universitaire, dans toutes les universités en grève, a procédé au remplacement des enseignants chargés de la surveillance. Cette décision a envenimé la situation et a provoqué l'ire des grévistes. «Nous avons empêché ces remplacements pour défendre le droit à la grève», a tenu à préciser M. Aïssat. De son côté, M. Azzi, coordinateur du Cnes à Béjaïa, a tenu à dénoncer l'administration de son université qui «ne ménage aucun effort pour briser le mouvement de grève et le boycott des examens qui touche quelque 17 000 étudiants». Pis, «certains responsables de l'administration veulent imposer des sujets d'examen en l'absence des enseignants». Sur les retombées du boycott des examens par les enseignants, M. Mouden, vice-recteur chargé de la pédagogie à l'université de Sidi Bel Abbes, nous a expliqué que l'année universitaire sera prolongée de deux semaines au minimum (jusqu'au 20 juillet). Ainsi, les examens seront reprogrammés. Comme conséquence immédiate, un retard sera enregistré dans le démarrage de l'année universitaire 2006-2007, qui sera retardé de deux semaines. M. Mouden nous a informés que dans certaines facultés de son université, les étudiants refusent de passer leurs examens ; ils veulent passer la totalité ou pas du tout. Un membre du Cnes nous a déclaré que les examens sont compromis, mais que si le ministre fait un geste d'apaisement, «nous sommes prêts à libérer les étudiants en fin de cycle».