Quatre jours après le débrayage auquel a appelé le Cnes le ministre réagit. La grève des enseignants, entamée samedi dernier, inquiète de plus en plus étudiants et parents d'élèves; 68% des enseignants ont voté pour la grève et cinq universités seraient officiellement en grève. Certaines accusent une «perte» pédagogique de plusieurs mois comme c'est le cas à Tizi Ouzou, Annaba et Guelma. A l'Usthb (Bab-Ezzouar), et au quatrième jour du mot d'ordre de grève du Cnes, l'on enregistre un boycott des examens à 80% , avec 24 amphithéâtres désertés. Le débrayage se serait également installé à l'INA (agronomie) à l'Isic (communication) à l'ENS et à l'université de Bouzaréah où sur 32 séances d'examen quatre seulement ont eu lieu, ceux d'anglais. Idem à l'ouest du pays, sauf en de rares exceptions. On craint également que cette action initiée par le Cnes au sein des campus n'ait un quelconque effet de contagion sur les lycées; puisque de source non confirmée l'on évoque une éventuelle dissidence à la Fnte (Syndicat de l'éducation) qui organiserait des réunions parallèles en vue du boycott des examens de fin d'année. Une thèse pas si saugrenue que cela quand on sait que le désarroi est à son comble à la base de ce dernier syndicat. Surtout que la stratégie du Cnes vise expressément le flux des étudiants ; c'est-à-dire remettre directement en cause la réception des nouveaux bacheliers. Un éventuel effet d'entraînement n'est donc pas à écarter. «Les étudiants n'ont rien perdu cette année. Il sera très facile, une fois que les pouvoirs publics auront accédé à nos revendications, de faire par la suite les examens», déclare Cherbal, membre du syndicat. Il ajoute: «Notre action n'obéit nullement à des considérations électoralistes et de conjoncture, il est temps de se débarrasser de cette conception policière des choses. Aujourd'hui, les acteurs politiques doivent aller vers les acteurs sociaux afin que des solutions soient trouvées pour évoluer.» Bien qu'aucun signe probant de dégel ne se soit encore manifesté entre la tutelle et le partenaire social, le ministère de l'Enseignement supérieur a tenu quand même à apporter quelques clarifications à la presse. Il dit avoir toujours oeuvré en vue de la promotion d'un véritable dialogue avec l'ensemble des partenaires socioprofessionnels sur les problèmes qui engagent le devenir de l'université algérienne. «Ce dialogue continu, mené régulièrement depuis deux ans, a permis la résolution de bon nombre de problèmes et une stabilisation de l'université. S'agissant du Cnes, le ministre l'a reçu à chaque fois que ce syndicat en a exprimé le souhait. Le ministre réaffirme sa disponibilité au dialogue et à la concertation», y est-il noté. Concernant la question du statut de l'enseignant chercheur et de l'augmentation des salaires, le ministère tient à souligner la volonté des pouvoirs publics de consacrer une place privilégiée à l'enseignant chercheur dans la société. Le ministère considère que l'amélioration des conditions socioprofessionnelles des enseignants du supérieur est le pivot central qui détermine le succès des réformes escomptées. Ainsi, cette question est inscrite comme recommandation fondamentale dans le rapport final de la Cnrse (Commission nationale de réforme du système éducatif) et occupe une place de choix dans le plan de mise en oeuvre de la réforme élaborée pour le gouvernement et adoptée récemment par le Conseil des ministres. A cet effet, il est prévu l'installation d'une commission regroupant les parties concernées. Le ministre en appelle au dialogue et à la concertation, en somme à la sagesse. Plutôt en position de force en cette période électorale, le syndicat est bien parti pour d'éventuelles négociations. Il n'aura pas laissé indifférent.