Tous les ingrédients sont là pour faire l'impasse sur les épreuves du dernier trimestre. Le climat tendu qui caractérise l'Université algérienne ne semble pas connaître sa fin de sitôt. La tension, ayant pris corps suite au bras de fer opposant la tutelle aux syndicats, a repris de l'ampleur. Les syndicalistes menacent de boycotter les examens du dernier trimestre, dans le cas où la tutelle continuerait à « ignorer nos revendications », soulignent-ils. D'ailleurs, c'est dans ce cadre que s'inscrivent les deux journées de protestation des 17 et 18 du mois courant. Après avoir tenu leurs assemblées générales, les enseignants grévistes, sont passés au vote, à bulletin secret, pour se prononcer sur la décision de boycotter ou non, lesdits examens. Jusqu'à une heure tardive de la soirée d'hier, rien n'a été décidé d'une manière officielle. «Le vote se poursuit dans de bonnes conditions. Jusque-là, rien n' a été décidé. Les résultats seront connus demain» a déclaré hier M.Fouad Djemâï, membre du bureau national et délégué de la section d'Alger, dans une communication téléphonique. Cependant, même si la décision finale n'est pas connue, tous les éléments indiquant que le boycott est inévitable, sont réunis. Autrement dit tous les ingrédients du boycott sont là. Primo, il y a l'histoire de la guerre des chiffres entre les deux parties, quant au taux de participation aux précédentes grèves initiées par le Cnes. La tutelle estime que le taux de participation «était très faible». Ces chiffres sont tout de suite rejetés par les syndicalistes. Ils rétorquent que «la grève est largement suivie, et le taux de participation est très élevé» déclare M.Djemaï. Sur ce point, les observateurs, commentent de leur coté, que cette bataille de chiffres s'inscrit dans le cadre de «l'attraction» qui existe entre les deux parties et que chaque partie essaye de déstabiliser son adversaire. Ils avancent comme argument que les chiffres donnés par les syndicalistes et la tutelle ne reposent sur aucun sondage fondé. Secundo, il y a l'affaire de représentativité et légitimité des syndicats. La tutelle a refusé d'accorder aux syndicalistes des salles, pour tenir leur assemblée. Elle justifie cette décision par le fait que le Cnes n'a pas déposé sa liste d'adhérents dans les délais. La tutelle appuie cette décision par la loi 90-14 qui stipule que chaque syndicat doit remettre la liste de ses adhérents ainsi que leurs cotisations aux recteurs des universités avant le 31 mars de chaque année, et les syndicats n'ayant pas atteint le pourcentage de 20%, sont exclus du champ syndical. A cet effet, le Cnes a-t-il déposé sa liste avant le 31 mars? Le Cnes a-t-il atteint les 20% de représentativité? A ces deux questions M.Djemaï, répond que « le Cnes exerce son travail syndical dans le respect de la loi. Nous avons déposé notre liste des adhérents ainsi que leurs cotisations, bel et bien avant la date du 31 Mars. Cependant cette note qui stipule de remettre la liste aux recteurs des universités, je dis que c'est une nouvelle circulaire. C'est la première fois que j' en entends parler», Concernant la représentativité du Cnes, il souligne que «nous avons dépassé les 57%. Et on peut vérifier mes chiffres et mes propos au sein du ministère du Travail». Tertio, les différentes rencontres, ministère-syndicats, qui ont eu lieu par le passé, n'ont abouti à aucun résultat. Cela est un signe que le compromis n'est pas pour demain. Cela a été, d'ailleurs, traduit par les observateur, comme un silence du côté de la tutelle, qui ne va que compliquer davantage la situation. Le dernier signe du boycott des examens, est le fait que les syndicalistes affichent une ferme intention d'aller jusque au bout de leur menace, comme cela fut le cas par le passé lorsqu'on a fait l'impasse sur les examens du dernier trimestre. Ainsi, les indices du boycott des examens sont réunis. Il ne reste maintenant pour les deux parties, notamment du côté de la tutelle, qu'à essayer de désamorcer la bombe du boycott, avant que les carottes ne soient cuites.