«Il faut mettre fin aux hésitations et se jeter à l'eau», a déclaré Farid Benyahia, économiste, enseignant associé à l'université de Constantine et auteur d'un ouvrage consacré à l'impact de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC dans une conférence-débat qui a eu lieu, hier, au siège du quotidien El- Moudjahid, ajoutant : «L'Algérie est sortie d'une période difficile. Les voyants sont au vert, il est temps qu'elle adhère à l'OMC.» Selon M. Benyahia, l'entrée de notre pays dans ce qu'il considère comme le plus grand marché du monde ne peut qu'être bénéfique puisque ceci permettra aux entreprises algériennes de travailler selon des normes internationales, et dans un climat de concurrence créatrice de richesses et de permettre ainsi à l'économie algérienne d'évoluer dans un standard international. A ceux qui redoutent la globalisation, le conférencier rétorque : «Le monde n'appartient pas aux faibles, ou vous êtes fort ou vous laissez faire les forts. L'Algérie possède une base industrielle unique dans le monde arabe et a formé des négociateurs de haut niveau qui sont à même de défendre les intérêts de leur pays.» Revenant sur l'état économique du pays M. Benyahia dira que «l'Algérie connaît des résultats macroéconomiques importants qui ne sont pas perceptibles au niveau microéconomique.» Mettant ainsi la lumière sur le manque d'efficacité des entreprises publiques dont seulement 42 % sont viables (381), le conférencier estime qu'elles manquent de stratégie industrielle adéquate et connaissent des problèmes de management, citant l'exemple du parc automobile algérien qui représente plus de 800 millions de dollars ce qui équivaut à 8 unités de montage par an. Ces entreprises devront faire une remise à niveau en matière de technologies, de ressources humaines, de formation de personnel qualifié et développer une vision stratégique. Quant aux exportations de produits algériens, il dira : «Les exportations, hors hydrocarbures, représentent de 3,2 à 4 % ce qui donne un PIB par habitant de 500 dollars par an, un chiffre qui nous classe parmi les pays pauvres.» Comme solutions aux problèmes économiques du pays, il prône l'ouverture des entreprises publiques de l'ordre de 20 à 40% aux investisseurs privés, l'encouragement à l'investissement local ou étranger en facilitant le transfert des capitaux, ceci doit se faire en incitant les banques à jouer un rôle d'accompagnement pour les PMI/PME, surtout dans le domaine agricole qu'il considère comme «la colonne vertébrale de l'économie», «l'Etat doit accompagner le secteur privé au moins pour quelque temps», affirme M. Benyahia. Les négociations de l'Algérie avec l'Organisation mondiale du commerce ont débuté en 1994 et l'adhésion sera effective dans un ou deux ans.