L'économiste Benyahia prévoit l'adhésion dans une année ou deux. L'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) n'est pas pour demain. C'est du moins ce qu'a laissé entendre l'économiste, Farid Benyahia, qui était hier l'invité du forum d'El Moudjahid. Auteur d'un ouvrage consacré à l'impact de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, il a souligné que le problème se pose principalement dans l'absence d'une vision stratégique industrielle. «Actuellement, l'Algérie est toujours en phase de négociationset nous espérons son adhésion d'ici l'année prochaine ou l'année d'après», a-t-il indiqué. Pourtant, le ministre du Commerce, M.El Hachemi Djaaboub a déclaré, à maintes reprises, que notre pays aurait d'excellents atouts en faveur d'une adhésion à l'OMC avant fin 2006. L'Algérie, d'après lui, «a accepté d'opérer plusieurs amendements et abrogations demandés par l'OMC», ce qui lui permettra d'«y accéder par la grande porte». Notamment après l'amendement et la promulgation de dizaines de lois et règlements pour que les transactions entre l'Algérie et les pays étrangers soient «soumises aux règles internationales en vigueur». Mais l'information qui circule ces derniers jours est que le 10e round de négociations avec l'OMC sera reporté à septembre. Ce dernier, prévu initialement en mars dernier, a été programmé pour ce mois-ci. L'économiste Benyahia soulève plusieurs obstacles qui entravent l'accélération de cette adhésion. Une politique monétaire dépassée, la mise à niveau des entreprises qui fait défaut,les exportations algériennes hors hydrocarbures qui freinent, sont entre autres des problèmes qui font que notre économie a du mal à s'adapter aux règles de l'adhésion à cette organisation. Autre obstacle majeur: la priorité donnée par des Etats membres de l'Organisation du commerce à la relance du cycle de Doha. Celui-ci établit le mandat des négociations sur divers thèmes et prescrit d'autres travaux. Parmi ces négociations figurent notamment celles qui ont trait à l'agriculture et aux services, qui ont commencé au début de 2000. Les membres se sont engagés dans une course contre la montre pour sauver ce cycle. Ils doivent trouver, dans les semaines à venir, des solutions réglant de façon équilibrée tous les dossiers «en suspens». Début juillet, Genève accueillera une session cruciale de l'OMC. Pour ne pas manquer l'échéance, des réunions marathon se sont tenues dans le cadre des négociations sur l'agriculture en mai et juin. D'ailleurs, M.Benyahia a proposé de maintenir, dans les négociations, la subvention de l'agriculture.Mais, dans ce climat électrique, plusieurs représentants des Etats membres de l'OMC ont jugé qu'il serait très difficile d'aboutir à un accord d'adhésion de l'Algérie à l'OMC d'ici la fin de l'année 2006. Ainsi avec un calendrier plusieurs fois chamboulé, l'accession de l'Algérie à l'OMC interviendra, selon les experts, au plus tôt dans le premier trimestre de l'année 2007.