"Le drame" Les homicides et les blessures à l?arme blanche, hormis les actes terroristes et selon des sources informées, ont atteint une ampleur alarmante. Les chiffres du bilan cumulé, de la police et de la gendarmerie pour 2002, pourraient ne jamais être égalés, en la matière. Les causes en sont très variées : agression pour divers motifs, rixes, légitime défense, etc. Le recours aux armes blanches est de plus en plus systématique lors de banales altercations. Comme durant le ramadan ou des pics ont été enregistrés. Les conséquences en sont parfois dramatiques. Les interdictions, bien que mal définies sur un plan pénal, sont pourtant claironnées. Et tout aussi vaines. Tout le monde convient, sans être vraiment convaincu, qu?il est interdit de vendre ou de porter des armes blanches. Tout le monde sait aussi que les «services habilités de l?Etat» sont très prompts à sévir énergiquement contre tout commerce qui déroge aux lois et règlement, comme celui de fruits et légumes sur la voie publique par exemple. Importateurs en toute impunité Pourtant, le marché algérien regorge d?armes blanches en tous genres. Celles-ci sont importées du Pakistan ou des pays du Sud-Est asiatique, parfois spécialement usinées pour des «initiés» aux dents longues. Bizarrement, ces importateurs, qui ont pignon sur rue, ceux-là mêmes qui font négoce de tous produits douteux ou franchement prohibés, ne sont aucunement inquiétés. Poignards de commando ou de plongeur, couteaux à cran d?arrêt ou à bouton de boucherie, voire de véritables épées sont autant d?armes redoutables, étalées à même le sol, vendues au nez et à la barbe des policiers qui déambulent entre camelots et chalands. C?est un commerce florissant. Parce qu?il existe, bien évidemment, une très forte demande depuis quelques années. En effet, la détention et le port d?armes blanches sont devenus courants dans la société algérienne. Tout particulièrement chez les jeunes. Les agressions et rixes à coups, de couteaux sont devenues tellement nombreuses que la presse n?en fait même plus état. Il est courant de voir ou d?entendre parler de ces jeunes loubards qui écument en toute impunité les abords des établissements scolaires et qui terrorisent des adolescentes, les menaçant de leur «khandjar» «mdhou» ou autre «chaffra». Il arrive même qu?ils poussent l?intimidation jusqu?à balafrer ?comme c?est souvent le cas? dans certains milieux de noctambules où il est de bon ton de marquer son territoire en s?en prenant aux plus faibles, aux filles de la nuit en l?occurrence. Ce phénomène du port d?armes blanches est récent dans la société algérienne où avoir un couteau dans la poche équivalait à être tatoué, à être un repris de justice. C?est à peine si l?on tolérait de tout petits canifs, à des fins pratiques. Au point une règle stricte était unanimement appliquée et avait valeur de loi : la longueur d?une lame ne devait, en aucun cas, dépasser celle de la largeur d?une main ! Mais qu?est-ce qui a bien pu bouleverser à ce point toutes ces placides résolutions ? Serait-ce là le corollaire de la violence ambiante qui sévit depuis plus d?une dizaine d?années ? Le contrecoup d?un véritable effondrement civique ? Ou l?absence presque totale d?un Etat, par ailleurs envahissant ?