Par une suffocante matinée estivale, une dizaine de vétérans du cinéma irakien, des responsables gouvernementaux serrés de près par leurs gardes du corps et une poignée de nostalgiques se sont retrouvés pour une représentation spéciale au Théâtre national de Bagdad. Présenté sur les affiches comme le «Premier Festival du film irakien» depuis l'invasion de mars 2003, il s'agissait, en fait, d'un hommage au bon vieux temps. La plupart des participants voulaient oublier pour un instant la sombre réalité quotidienne pour savourer les moments de joie qu'a connus ce pays dont l'histoire est pourtant jalonnée de guerres et de sanctions. Officiellement, il s'agissait d'une «soirée» consacrée au cinéma, mais en raison de l'insécurité, des coupures de courant, du couvre-feu nocturne qui plonge la ville dans un coma, la représentation a eu lieu dans la matinée. Sur les murs du hall, sont punaisées des photos jaunies de metteurs en scène, acteurs et producteurs irakiens. Sur un petit écran ont été projetés de courts extraits de films en noir et blanc des années 1950 et 1960 alors qu'un petit orchestre interprétait des chants folkloriques.