«Je les ai élevés, ce sont mes enfants.» Lorsque Nacéra prononce ces mots, ses yeux brillent. On ressent tout l?amour qu?elle porte à ces êtres que le destin a mis sur son chemin, depuis 8 ans pour certains d?entre eux. Une rencontre, inévitable en somme, entre une femme mue par l?instinct maternel que les aléas de la vie ne lui ont pas permis de satisfaire, en fondant un foyer, et des gamins que le sort n?a pas épargnés. Nacéra ne pouvait trouver meilleur «métier» que celui de mère. Ces enfants, elle les a connus fragiles, malheureux et désemparés. À voir la manière dont elle en parle, on sent qu?elle ne feint pas la compassion. Son c?ur de femme a aussitôt réagi. Elle les a accueillis, les a aimés. «Je les ai vus tout petits, ils ont grandi sous mes yeux.» Devant notre étonnement, elle répond simplement : «Je les aime. Si vous me ramenez maintenant un adolescent de 14 ans, ce ne serait pas pareil.» Un amour qui se laisse deviner à l?intérieur de ce chalet où vivent 9 enfants. Dès l?abord, on se laisse entraîner par le beau décor conçu par la maman SOS (son appellation officielle). Un décor que nous n?avons pas retrouvé ailleurs. Dans les différentes pièces du chalet, on y évolue de la même manière que dans les demeures «normales». Un poste diffuse de la musique. Dans les trois chambres d?enfants, aux murs décorés et à la literie fleurie, Nacéra a tout rangé. Les animaux en peluche attendent sagement, sur leurs rayons, le retour des écoliers. Dans la chambre des petites, deux poupées semblent se languir dans leurs poussettes en attendant que leurs petites amies daignent s?en occuper après la fin des cours. La salle de bains est coquette avec tout le nécessaire des enfants. Décidément, la «maman» n?a pas lésiné sur le confort de «ses» enfants. Deux sont à table. Le temps d?une bise et ils replongent le nez dans leurs assiettes.