Résumé de la 123e partie n Inquiet de la pérennisation de son royaume, le roi Souleïman-Schah demande à son vizir de lui présenter une femme digne de lui donner une progéniture royale… «Ta salive est miel sauvage ! Ah ! de ta salive mouille la coupe et dulcifie le vin, puis donne-le moi, ô Houria. Mais surtout je t'en conjure, ouvre tes lèvres et réjouis mes yeux de tes perles !» A ces vers, le roi se réjouit et s'écria du fond de son gosier : «Ya Allah !» Mais le vizir continua : «Aussi, ô roi, je suis d'avis d'envoyer le plus tôt possible au roi Zahr-Schah un de tes émirs, un homme de confiance, doué de tact et de délicatesse, qui sache le goût de ses paroles avant de les prononcer, et dont l'expérience te soit déjà connue. Et tu le chargeras d'employer toute sa persuasion à obtenir que le père te donne la jeune fille. Et tu te marieras enfin pour suivre la parole du Prophète (sur lui la paix et la prière !) qui a dit : «Les hommes qui se disent chastes doivent être bannis de l'islam ! Ce sont des corrupteurs ! Pas de célibat pour les prêtres dans l'islam !» Or, en vérité, cette princesse est le seul parti digne de toi, elle qui est la plus belle pierrerie sur toute la surface de la terre, et en deçà et au-delà !» A ces paroles, le roi Soleïmân-Schah sentit son cœur se dilater et il soupira d'aise et dit à son vizir : «Et quel homme, mieux que toi, saura mener à bonne fin cette mission toute de délicatesse ? O mon vizir, c'est toi seul qui iras arranger la chose, toi qui es plein de sagesse et de politesse. Lève-toi donc et va dans ta maison faire tes adieux à ceux de ta maison, et termine avec diligence les affaires pendantes, et va à la Ville-Blanche demander pour moi en mariage la fille du roi Zahr-Schah. Car voici que mon cœur et ma raison sont fort tourmentés et travaillent beaucoup à ce sujet.» Et le vizir répondit : «J'écoute et j'obéis !» Et aussitôt il se hâta d'aller terminer ce qu'il avait à terminer, et embrasser ceux qu'il avait à embrasser, et se mit à faire tous les préparatifs du départ. Il prit avec lui toutes sortes de cadeaux riches à satisfaire des rois, par exemple des joyaux, des orfèvreries, des tapis de soie, des étoffes précieuses, des parfums, de l'essence de rose tout à fait pure et toutes choses légères de poids et lourdes de prix et de valeur. Il ne manqua pas non plus de prendre dix chevaux choisis des plus belles races et des plus pures de l'Arabie. Il prit aussi de très riches armes niellées d'or à poignées de jade incrusté de rubis, et des armures légères d'acier et des cottes de mailles aux mailles dorées ; sans compter les grandes caisses chargées de toutes sortes de choses somptueuses et aussi de choses bonnes à manger, telles que conserves de roses, abricots laminés en feuilles légères, confitures sèches parfumées, pâtes d'amandes aromatisées au benjoin des îles chaudes, et mille friandises destinées à réjouir le goût et à disposer agréablement les jeunes filles. Puis il fit charger toutes ces caisses sur le dos des mulets et des chameaux ; et il prit avec lui cent jeunes mamalik et cent jeunes nègres et cent jeunes filles, destinés tous à faire cortège, au retour, à l'épouse. Et comme le vizir, à la tête de la caravane, les bannières éployées, se disposait à donner le signal du départ, le roi Soleïmân-Schah l'arrêta encore un instant et lui dit : «Et surtout prends garde de revenir ici sans m'amener la jeune fille ; et ne tarde pas, car je suis à rôtir sur le feu ; et je n'aurai de repos et de sommeil qu'après l'arrivée de cette épouse dont la pensée ne me quittera ni de jour ni de nuit et pour qui je suis déjà tout enflammé d'amour !» (à suivre...)